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12 février 2017 7 12 /02 /février /2017 13:47

Oui, si simple. Comme s'il n'y avait qu'à demander gentiment et poliment les choses pour que tout s'arrange.

La question de la désobéissance civile est tout sauf évidente. Parce qu'en effet il s'agit de se mettre en porte-à-faux avec la loi, de mettre en cause, ou en tout cas en questionnement la légitimité de l'autorité. Une autorité reste-t-elle légitime quand elle n'est pas juste? Ou quand les solutions qu'elle propose sont tout bonnement inapplicables, de simples pansements sur une jambe de bois?

Voilà ce me taraude suite à la manifestation #Reclaimthenight. Manifestation présentée dans les média comme "ayant dégénéré". Je n'ai jamais vu dégénérer une manif féministe. Aucune de celles auxquelles j'ai participé depuis bientôt 20 ans (c'état l'instant vieille conne). J'y ai toujours vu régner un esprit festif, solidaire, joyeux. A priori, il ne s'agissait pas de casseuses en puissance. Cela dit déjà assez, je pense, de la méconnaissance des mouvements sociaux par ceux-là même qui sont censés sécuriser l'espace public. Ils ne savent pas qui est en face d'eux, ils ignorent les raisons du rassemblement. Et, dans le cas présent, dans le doute, ils tapent.

Alors, bien entendu, on objectera que cette marche n'était pas autorisée. C'est un fait. C'est même tout à fait cohérent avec l'esprit du mouvement Reclaim né en Angleterre  il y a longtemps (le siècle dernier) et qui organisait des street parties sauvage afin que la population réinvestisse l'espace public, qu'il ne soit plus uniquement un espace de circulation entre deux endroits privatisés. L'endroit où tu marches entre deux cafés, entre deux magasins, un resto et un ciné. Mais un endroit aussi d'expression, de partage, qui appartient à toutes et tous, chacune et chacun. Ce qui ne veut pas dire non plus qu'on y est autorisé à se comporter comme des porcs. Bizarrement, après les Reclaim parties, les rues étaient propres, parce qu'on faisait appel au sens du bien commun des participants. Dingue, non?

Donc, dans la logique du mouvement Reclaim, on n'a pas à demander l'autorisation d'occuper un espace public qui de facto nous appartient. Et en l'occurrence pour exercer pacifiquement (ce qui ne sous-entend pas silencieusement) un droit constitutionnel. QUI PLUS EST quand il s'agit de rappeler que parmi ces citoyens qui ont le droit d'occuper l'espace public, il y a une moitié de femmes. Or, pour elles ce n'est pas toujours facile, pour des questions de sécurité. La loi contre le harcèlement étant assez mal faite pour que fort peu de plaintes aboutissent ou soient même recevables. Donc... Ah ben oui, il s'agissait de manifester pour dire aux policiers et à la justice de faire leur boulot. On peut se dire que la réaction violente vient de là. Mais non, puisque d'après des témoignages de première main, ils avaient en face d'eux des gauchistes. Rien à foutre des revendications: berseeeeerk, taaapeeeeeer (tu le vois bien le filet de bave?)

Serait-ce alors une maladie bruxelloise? Parce qu'il me semble qu'avec la police liégeoise, il a souvent été possible de discuter, de dire "Ok, on est là pour tel ou tel motif, telles raisons, on propose telle ou telle façon de faire, on reste encore tel laps de temps et puis on se disloque". Bon, ça ne marche pas toujours, mais au moins le premier contact est généralement moins violent.
Mais admettons, je vous parle d'une ville où les manifs d'extrême-droite sont interdites et réprimées. Faut-il donc croire que c'est Liège le Hell Hole, entièrement noyauté par les gauchissss jusque dans les rangs de la maréchaussée? Quelle horreur, mais quelle horreur! Ouskonvaton, ma pauv'Lucette?

Et malheureusement je crains que ce genre de discussions ne vienne à se répéter de plus en plus fréquemment. Parce que les manifestations, même pacifiques, seront de moins en moins autorisées, de moins en moins tolérées. Petit à petit nos libertés seront grignotées, comme le sont nos conquis sociaux. L'un ne va pas sans l'autre, mais comme la capacité est maintenue de pouvoir dire tout et n'importe quoi sur des espaces privés et surveillables à merci (ici même où vous me lisez, d'ailleurs), on ne se rend pas bien compte. Je peux dire tout ce que je veux sur FB, tant que personne ne me signale et que je ne montre pas mes seins, donc je suis libre. 

Mais sortir dans un espace censément public pour remettre en cause les décisions du gouvernement (et il y a de quoi faire), ça ne sera plus aussi facile, sauf à prendre l'initiative et se passer d'autorisation. C'est bête et c'est dommage. Mais c'est un fait: nos libertés constitutionnelles ne sont plus garanties. Et nous ne le voyons pas. Nous nous berçons dans l'illusions des acquis. Nous pensons que rien ne peux nous arriver puisque nous n'avons rien à nous reprocher (vous rendez-vous compte de qui est à l'origine de cette phrase? Savez-vous encore qui était Joseph Goebbels?). Que si nous sommes sages, il ne peut rien nous arriver d'affreux... Chacun enfermé dans sa petite boîte et sa petite case, respectant des normes que nous ne questionnons pas, réprouvant ceux qui dépassent du cadre, honnissant les mauvaises herbes qui ont l'outrecuidance de pousser de travers et dans une indécente joie de vivre libres.

Ne nous y trompons pas, l'opération policière contre #Reclaimthenight était une opération de maintien de l'ordre social. Malgré toutes les objections légalistes qu'on pourra y trouver, il s'agissait de remettre à leur place des personnes qui avaient l'audace de demander à ce que leurs droits soient garantis par ceux dont c'est le travail. Le droit à circuler, le droit à la sécurité, le droit à l'intégrité physique et morale. Rien de plus, rien de moins. 


Virginie Godet (concernée et consternée)

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2 septembre 2016 5 02 /09 /septembre /2016 14:30

Jusque quand? Combien de fois? Combien de milliards sacrifiés sur l'autel d'emplois illusoires, combien de familles sacrifiées sur l'autel de dividendes substantiels?

Combien de manque à gagner dans la caisse commune, maintenant bien nécessaire à ceux qui perdent les emplois, que les cadeaux faits à Caterpillar ont privée des rentrées nécessaires? (Caterpillar aujourd'hui, Mittal hier, qui demain? On a toujours fait comme ça, ma bonne dame!)

Quousque tandem? Jusque quand?

Combien de cadeaux pour combien de familles dans la dèche? Combien de familles dans la dèche pour ouvrir les yeux? Pour s'apercevoir que non, non et non, ça ne fonctionne plus.
Pour s'apercevoir que ça ne fonctionne plus et que la solution de rechange n'existe pas. Pas encore. Pas dans ce qui existe déjà ou a déjà été essayé.

Et en tout cas pas dans la soumission dans ce qui n'est, ce qui ne devrait être qu'un moyen. Pas une fin. Pas la forme ultime de puissance. Et quelle puissance? quel pouvoir? Celui d'écraser et de contraindre, de forcer ou d'évincer, de détruire. Beau pouvoir que celui-là, qui enferme et isole, au bout du compte, dans une fosse aux lions où chacun est votre égal et votre ennemi, votre allié et celui à abattre, tour à tour ou simultanément. Et s'il faut l'abattre, ce sera au prix du sacrifices des milliers de moucherons que vous employez après avoir promis monts et merveilles. Mais ce n'est pas grave, ce ne sont que des moucherons, et ils ne sont pas à prendre en considération, ils ne jouent pas dans la fosse aux lions. Ils ne sont pas des égaux à abattre. Ils sont tout au plus des pions, même pas, des chiffres, des coûts... D'une main, on écrase les moucherons, de l'autre, on ramasse les dividendes. Et on se félicite du beau coup entre maîtres du monde, avant le prochain coup, la prochaine partie, les prochaines hécatombes de moucherons et les prochains dividendes.

Quousque tandem? Jusque quand?

Quand se rendra-t-on compte que ce n'est pas cela, la nature humaine? Que la "loi de la jungle" a ses limites? Que Darwin n'a jamais dit ça? Que si l'humain, créature entre toutes la plus fragile étant donné que son petit est un néotène (il naît plus que vulnérable et prend des années à être fini), a survécu, c'est avant tout grâce à sa capacité à s'associer, à collaborer. C'est donc son aptitude à la solidarité, à prendre en compte les plus faibles qui a fait que l'humain est toujours là. Et la course effrénée au profit, la vitesse qu'elle a pris depuis 400 ans, le sprint final entamé il y a 200 ans nous mènent droit dans le mur.

Quousque tandem? Jusque quand? Quand freinera-t-on parce que nous aurons vu le mur? Combien de familles, de vies encore sacrifiées sur l'autel d'une guerre d'ego qui ne nous concerne pas? Mis sur le côtés, au rebus, pour que les habitants de la fosse aux lions se repaissent de victimes encore plus offertes, encore plus exploitables, et ainsi de suite jusqu'à l'usure?

Quousque tandem?

Virginie Godet (abuse de votre patience)

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23 mai 2016 1 23 /05 /mai /2016 14:07

J'ai bien écrit oppresse, pas opprime.

Penser par soi-même, faire ses propres choix, parfois hors des limites rassurantes d'une normalité dont on ne sait toujours pas qui en décide.Aller vers l'Autre, vers le différent, concevoir que cette altérité n'est pas forcément une menace. Aller au-delà de ses préjugés et de son éducation, de ses pré-conçus.

Tout ceci est difficile. Et cette réflexion est en moi de plus en plus présente, prégnante, en regard de ce qui se passe dans notre vieille Europe, soi-disant phare des libertés. La Pologne, la Hongrie, le Danemark.
Peut-être l'Autriche (à l'heure où j'écris, les résultats finaux ne sont pas encore tombés ; mais il n'empêche que 50/50, c'est trop... Pour moi c'est trop, et je vois tant de gens qui ont l'air de s'en réjouir).

J’essaye de comprendre. Je tâtonne, je lis, je discute. Qu'est-ce qui fait que des populations se jettent dans les bras de groupes politiques qui leur offrent du prêt-à-penser, du prêt-à-vivre. Se laisser bercer par le ronron rassurant du totalitarisme. Pas une tête qui dépasse et les vaches seront bien gardées. Tout cela me donne le vertige, et une sacrée peur au ventre. Je me souviens du temps où je me prenais des claques parce que j'aimais trop apprendre. Je ressens encore la violence de la norme établie (Par qui ? Pourquoi?)

Le truc rassurant, c'est que je ne suis pas la seule à m'interroger. Et que des amis m'ont permis de me jeter tête première dans une expérience inédite. Parce que pour bien comprendre, il est parfois nécessaire de ressentir. De se mettre à la place de... D'entrer dans la tête, dans la peau de quelqu'un avec qui on n'est pas, on ne sera jamais d'accord.

Alors, voilà, pendant 9 heures, j'ai été une nazi. Une égérie du NSDAP. Quand tout a été fini, je me suis sentie sale, et j'ai passé des plombes à demander pardon aux gens autour de moi. J'ai été parfaitement infecte. C'était le jeu. Mais j'ai mieux compris les mécanismes à l’œuvre, et non, je n'excuse pas pour autant. Mais j'arrive à expliquer comment on en arrive là (et peut-être ce qu'il y aurait moyen de faire pour l'éviter).

Comment j'ai fait ? Par le truchement du GN (jeu de rôle grandeur nature). Un GN expérimental, dans l'univers d'un cabaret berlinois des années 1930.

Alors que dans les différents univers explorés, je joue souvent des grandes dames à tendance sacrificielle, des bonnes, des pures, des paladines qui finissent mortes de désespoir (et une fois chanteuse de bastringue dans un saloon, mais bon, très peu pour moi), j'ai demandé à être utilisée à contre-emploi. Je voulais entrer dans la peau d'une méchante. Être quelqu'un que je ne serai jamais, plutôt qu'une espèce de version exaltée de mon petit moi-même intérieur.

Je vois déjà certains de mes amis être horrifiés de ce choix. Je leur répondrai comme je l'ai fait à ma mère : « Il en faut bien pour jouer les mauvais, ce sont les rôles les plus intéressant, au théâtre et au cinéma, alors pourquoi pas en GN ? ». Qu'ils se rassurent, je n'en suis pas sortie changée. Juste un peu plus avancée en réflexion.

Comment devient-on Elisabeth Baumer, journaliste satirique d'extrême-droite et parolière ? On le comprend mieux grâce au background du personnage (son histoire que l'on reçoit à l'avance pour se préparer mentalement). Prenez une fille de famille ouvrière nombreuse dans la Bavière de la soi-disant Belle-Epoque. Parents ouvriers du textile (vous vous doutez de l'origine des patrons de l'usine), un destin tout tracé derrière les machines de la filature. Mettez-là quand même à l'école du village, où elle est remarquée par l'instituteur qui la prend sous son aile. Instituteur furieusement antisémite (mais dans la très catholique et traditionaliste Bavière, c'est pas rare).

Donc, dès sa plus tendre enfance, ce type qu'elle vénère comme un modèle lui monte le bourrichon. Il la fait entrer dans un journal, comme secrétaire. Elle devient petit à petit journaliste. Elle participe à l'effort de guerre en 14-18 comme ouvrière dans l'armement. Retourne au journal après l'armistice.

Tout ça est le cocktail idéal pour former une personne avec la rage au ventre, qui en veut à tout le monde et principalement à l'ennemi désigné par son mentor. Et voilà qu'arrive l'Homme Providentiel qui lui raconte tout ce qu'elle a envie d'entendre. Elle se donne corps et âme à sa cause en espérant qu'il voudra bien la remercier un peu. Voici le bois dont on fait les saintes et les martyres : frustration, colère et besoin de reconnaissance, le tout greffé sur une éducation bien conservatrice.

Élevée dans la Ruhr, elle serait sans doute devenue communiste. Mais voilà, elle était bavaroise. Ne jamais négliger le fond culturel sur lequel se greffent les problèmes économiques et politiques.

Et bercée de certitudes, dotée d'une foi inébranlable dans le Grand Homme, Elisabeth était toute prête à aller prêcher la bonne parole en milieu hostile : un cabaret. L'endroit où elle fait tache, mais c'est là qu'est sa mission. Le missionnaire en version Gretchen. Enfin, une Gretchen machiavélique en robe du soir.

A partir de là, tout me semblait clair, et je savais quels leviers actionner pour faire tomber les autres dans mon escarcelle : appât du gain, volonté de pouvoir, besoin de reconnaissance, lâcheté, besoin de sécurité. Tout ce qui avait fait basculer Lizie valait pour faire basculer les autres. La rassurante pensée d'un monde où tout est prévu, où aucune place n'est laissée pour le doute, on pense pour vous, on vous dicte quoi faire, quoi dire, comment vivre, plus besoin de faire de choix, il suffit de suivre les rail. Tout ce qui dépasse sera éliminé, de toute façon. Et comme vous avez peur du bâton, et envie de la carotte. Roule, ma poule.

Voilà ce que j'en ai compris. A la base, il y a un choix. Il y a la fuite de ce qui vous oppresse, et le basculement dans ce qui opprime. Ce qui opprime ce qui vous fait peur, au début, mais vous opprimera aussi, finalement. Vous fera périr d'ennui et d'uniformité, et ce serait le moins grave. Ou mourir pour le moindre petit grain de divergence.

Alors oui, j'arrive à comprendre que des besoins qui ne sont pas rencontrés, des peurs, puissent pousser des peuples à se lover dans les anneaux d'un serpent qui susurre « aïe confiance ». Mais l'expérience, la connaissance, ne leur permettent-elles donc pas de voir, de savoir, qu'un jour où l'autre c'est sur eux-même que ces anneaux se resserreront pour les étouffer ?

Je préfère faire le choix de sauter dans le vide, malgré mes peurs, malgré cette sensation d'écrasement dans la poitrine. Sous peu, elle ne sera plus qu'un frisson. Tout plutôt qu'être broyé dans les anneaux du serpent.

Virginie Godet (concède qu'elle participe à des expériences bizarres, outrecuide jusqu'à vous suggérer d'en faire pareil)

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20 septembre 2015 7 20 /09 /septembre /2015 14:00

Le zonka est une variante du yaka au même titre que le faukon. L'utilisation en est courante chez les personnes postées au balcon et regardant les autres se dépatouiller avec un problème qu'elles répugneraient à prendre à bras le corps, ce qui les obligerait à se confronter avec des réalités ne correspondant pas à leurs préjugés.

La confrontation, ça fait mal, c'est sale, et si ça se trouve elle a des poux.

Or donc, prenons le cas de la question des réfugiés.

Yaka les foutre dehors ou remettre les frontières!

Las! Voilà-t-y pas que des bénévoles se mettent à organiser une aide d'urgence pour les réfugiés, hors de toute structure préexistante?


Mais, mais, c'est dégueulasse! Zonka les prendre chez eux!


Aussi les bénévoles le font-ils, et l'accueil est désormais possible chez des habitants qui ouvrent bien grand leur porte à ces personnes qui ont bien besoin d'un toit et de chaleur humaine (surtout de chaleur humaine).

Quoi? Mais c'est immonde! Zonka s'occuper de NOS SDF!

Ah merde, une bonne partie d'entre eux est déjà engagée dans des projets sociaux? Ils aident déjà des personnes dans le besoin, d'ordinaire?

Keuwah? Et le petits noirs qui meurent de faim, zonka s'en occuper!

Pardon? Certains bénévoles parrainent déjà des enfants africains, sont donateurs, pire! travaillent dans des ONG de coopération au développement!?

Eh ben zonka, zonka! Zonka se démerder et on leur souhaite de se faire voler par leurs petits protégés, ça leur apprendra à nous croire, mais allez tenter de raisonner un âne!

Très peu cher et encore moins honoré monsieur-madame Zonka de l’ignominieuse famille de Yakafaukon, auriez-vous l'obligeance, une fois dans votre vie, de fermer votre claque-merde et d'aller vérifier vos dires? Ou tout au moins d'assumer votre volonté de n'agir en rien pour tout qui n'est pas votre voisin? (Et je ne parle pas du cadeau que doit représenter pour vous la pisse de votre yorkshire sur son seuil)

Je ne vous demanderai pas de vous rendre sur place, ni même de rencontrer des réfugiés, ça me ferait mal pour eux. Juste, juste de vérifier vos sources. Aller sur Hoaxbuster, juste ça. Quand on sait aller sur Facebook, on sait faire une recherche sur Google, j'en suis absolument certaine. Et ça vous évitera de propager des rumeurs à la con. YAKA!

Je ne vous demanderai pas de mettre la main à la pâte puisque vous semblez savoir mieux que les bénévoles comment il convient d'agir, vous pourririez tout leur boulot. Mais lâchez-leur la grappe. YAKA!

Je vous demande seulement, deux secondes, oh oui, juste deux secondes, de me laisser profiter de ce regain de foi en l'humanité que me donnent ces besognes de tâcherons qu'accomplissent ces être humains pour secourir d'autres êtres humains. Deux secondes de douceur dans votre monde de bêtes brutes.

Deux secondes de vacances.

YAKA!

Virginie Godet (Bisounours de combat)

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24 août 2015 1 24 /08 /août /2015 14:03

Je l'ai déjà écrit des dizaines de fois, lorsqu'on a étudié l'Histoire et qu'on suit l'actualité, on ressent plus souvent qu'à son tour des impressions de déjà-vu. Tel événement, tel phénomène vous fait penser à un autre, n'étant pas son copié-collé mais une sorte de cousin éloigné vachement ressemblant.

Certaines dynamiques, certains processus, certains régimes politiques ou groupes extrémistes de tous poils (longs ou ras) ont de gros airs de famille. Les groupes humains ayant une farouche tendance à se comporter globalement de la même façon quand on les trempe dans l'huile bouillante, c'est assez logique.

Or donc, ce qui me préoccupait (et qui préoccupe pas mal de monde en ce moment), c'était ce qui entraînait certains jeunes à rejoindre des groupes comme Daesh, ou comme des groupuscules identitaires... Oui, oui, ne croyez pas que je mélange tout. Pour moi, cela relève du même principe, avec pour différence majeure le passage à l'acte, veule et lâche d'un côté comme de l'autre, mais plus jusqu'au-boutiste avec tendance sadique et effet de meute dans la version djihadiste.

J'avais donc une hénauuurme impression de déjà-vu, et même de déjà-vu-plein-de-fois, oh non, encore des croquettes à la cantine...

Alors que je m'apprêtais à relire Hannah Arendt - la madame qui vous file le bourdon quant à l'ensemble de l'humanité- une ébauche de résumé m'a été donnée par le docteur Spencer Reid - oui, celui d'Esprits Criminels, que je me marierai avec lui quand je serai grande. Dans l'épisode que je regardais, il était question d'un tueur sociopathe qui s'entourait d'un groupe de suiveurs en s'appuyant sur leur sentiment de marginalité et leur désir d'appartenance à un groupe. Leur donnant enfin l'impression de faire partie d'une famille, il comptait désormais sur leur totale loyauté à base de reconnaissance et de peur d'être exclus.


Voir supra, j'avais déjà vu ça plein de fois quelque part. C'est le principe même de l'embrigadement dans n'importe quelle secte.

Pour éviter de me taper toute série de points Godwin quand j'essaie d'exposer ce point de vue, j'ai décidé d'utiliser l'exemple de Savonarole, instaurateur d'une théocratie dans la Florence de la Renaissance. Intimement persuadé d'être investi d'une mission divine, entouré de jeunes gens en manque de repères et sans doute remplis de frustrations devant les privilèges et le mode de vie de la classe dirigeante (ce qui ce conçoit tout à fait), il a passé les 4 ans de son règne à mettre à sac les maisons bourgeoises, brûlant œuvres d'art, livres et étoffes précieuses, chassant et humiliant publiquement les femmes "trop coquettes", punissant les sodomites de mort. Quand je vous disais que ça pouvait avoir un méchant air de famille.

Le hic, c'est que ce genre de tentative d'explication, qui permet de mettre le doigt sur le problème et de favoriser la prévention est vue par la majorité comme de la victimisation et de la déresponsabilisation des suiveurs. Faut pas chercher à comprendre. Comprendre c'est mal.

Donner des exemples pas connus aussi... C'est pas comme si on en avait parlé dans la série Borgia, dans Secrets d'Histoire, dans Des Racines et des Ailes et, pour les vieux croûtons qui étaient petits dans les seventies, dans Il était une fois l'Homme... C'est pas connu. Punt. Ce qui me rappelle cette dame qui hurlait au scandale façon "on-nous-cache-tout-on-nous-dit-rien" quand elle a découvert le terrible secret du trafic des indulgence. Là, j'ai failli pleurer, pour de vrai et de désespoir...

Enfin, voilà où on en est... La culture, quand on en a, forcément, on l'étale pour écraser les autres. C'est du mépris, et puis voilà. Non, non, non, ce n'est pas parce que tu pars du principe que les autres connaissent aussi. Ou qu'au pire, il y a wikipédia.

Et chercher à comprendre, c'est forcément chercher à excuser.

Mondjeû, je sens que ce monde n'a pas fini de me fatiguer. J'ai même l'impression que ça va de mal en pis (Meuuuuh).


Virginie Godet (Miss Intello Méprisante 2015)

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18 juillet 2015 6 18 /07 /juillet /2015 15:41

Tout juste revenue d'une expédition dans une autre vie et un autre temps (les joies du jeu de rôles grandeur nature), je me branche sur le net pour voir comment le monde a tourné pendant que je n'y étais pas. La crise grecque n'en finit pas, j'ai raté plein d'épisodes. Qu'aurais-je à en dire, si ce n'est que l'Europe telle qu'elle se construit n'est pas celle dont j'avais rêvé et que j'appelais de mes vœux. Redites, reredites, et dix de der (ou pas, car je pense y revenir sous peu).

Mon regard s'arrête sur un article au titre prometteur. Il est question de savoir pourquoi il est si difficile de se séparer des livres. Excellente question, que je me pose souvent... Quand je ne trouve plus de place dans ma bibliothèque pour ranger les nouveaux venus, par exemple.

Hélas, trois fois hélas, j'aurais sans doute mieux fait de m'abstenir, tant il est patent que l'auteure a, semble-t-il, surtout des comptes à régler avec les gens qui lisent, et puis un opus sur le désencombrement à vendre.

Forte d'un titre de spécialiste de la psychologie de l'habitat et architecte d'intérieur, la voici qui assène à tout amoureux des livres qu'il est un frustré qui a besoin de béquilles émotionnelles et fantasme sur une autre vie. Pour les lecteurs de romans. Enfin, les férus d'Histoire en prennent aussi pour leur grade, vu l'agressivité supposée des collectionneurs d'ouvrages sur l'épopée napoléonienne (tiens, encore Napoléon, on n'en sort pas cette année!).

Ah oui, j'oubliais, le livre est un marqueur social (ma foi, pour le coup, je suis assez d'accord), et avoir des livres, plein, et en plus avoir le mauvais goût de les avoir lu, c'est rien que de la frime pour écraser les autres. Lire, c'est mal. Le dire, c'est pire. Nous voilà devant un beau cas d'intellophobie. C'est assez dire que ça me fatigue, mais que ça me fatigue...

Et pour couronner le tout, l'argument massue: un livre, c'est de l'encre et du papier. Valeur marchande, moins que peanuts. A moins d'avoir un beau livre d'art qui fait très bien sur la table du salon (Madame, les éditions Taschen vous remercient).

Mouais... Un livre, c'est le l'encre et du papier, c'est une évidence. C'est aussi des mots, des idées qui s'assemblent. Le travail d'un auteur, qu'il soit romancier, chercheur, essayiste. Une fenêtre sur le monde, une vision du monde, la représentation d'un instant T dans l'histoire de l'humanité. Aussi humble et mal foutu soit-il, c'est un témoignage. Ou une grille de lecture du monde, même indépendamment de la volonté de l'auteur (répétez après moi: "Hunger games, comme toute dystopie, parle du monde actuel en utilisant l'artifice d'un futur où tout se barre en couilles"). Quant aux essais... Soit, a priori, les personnes faisant appel à Madame Régimont n'ont pas l'air d'en lire. Il n'existe que livres pratiques et romans (l'histoire étant à classer parmi les romans, ce qui me fait mal à mon Ganshof).

Il est difficile de se séparer des livres parce qu'on a voyagé avec eux, fait des plongées dans des mondes extraordinaires et dans des vies d'aventures (Water Scott, JRR Tolkien, je vous aime!). Parce qu'on y a appris des choses, sur le monde et sur soi, approfondi sa compréhension. Parce qu'on a accédé au beau, au bon, mais aussi au sordide. On les garde parce qu'on peut avoir envie, parfois, souvent, de loin en loin, d'y retourner. Parce qu'on a une relation charnelle à cet objet qui n'est que de l'encre et du papier, et qui est tellement plus. Peut-être prendra-t-il définitivement la poussière. Peut-être pas. Qui sait quand on y replongera? Si on le prend comme ça, je peux bien baquer tous mes livres de poésie. Ô chose tellement inutile. Et pourtant, de loin en loin, je retourne faire une petite visite à Whitmann, à Aragon, à Pierre Louÿs. Pas souvent, mais j'y retourne. Devrais-je donc les envoyer valser pour cause d'utilisation trop peu fréquente?

Seraient-ce même des béquilles, le monde est-il si merveilleux qu'on doive s'en passer? Faut-il donc que les auteurs cessent d'écrire, hormis ceux qui font "dans le pratique"? L'utilité de la littérature n'est-elle pas dans ses vertus cathartiques? Et tant pis pour l'encombrement et la poussière. Je préfère un esprit encombré à un esprit vide.

Virginie Godet (pas bibliophile, mais bibliophage)

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2 juin 2015 2 02 /06 /juin /2015 08:21

Mais qu'en voilà un titre cryptique. Qui sont donc ces Purs, qui sont ces cornacs et quel est le lien entre eux?

Commençons par le commencement: les Purs. Les Purs sont ceux qui jugent et jaugent votre pensée -supposée-, votre mode de vie-présumé- et s'arrogent le droit de décider si vous pouvez continuer à vous exprimer, ou pas. Ennemis du paradoxe et de la pensée en mouvement, leurs certitudes sont gravées dans un marbre d'une blancheur immaculée à faire passer le plus beau Carrare pour un vulgaire bout de fusain. Ils savent, ils tranchent, ils ne doutent jamais , et jamais aucune de leur pensée n'est entachée d'une quelconque scorie d'incorrection.

Pour résumer, ils sont aussi casse bonbons que leurs doubles inversés: ceux qui disent tout haut ce que les autres pensent tout bas. Et d'autant plus casse bonbons que, contrairement à leurs doubles inversés, nous sommes censés être plutôt d'accord. Hélas, mes pensées sont selon toute vraisemblance bouffées de scories. Mon âme est instamment priée de se rendre à la poubelle la plus proche, car là est sa vraie place!

Les Purs ignorent ce que ce signifie "représentation d'une opinion à un instant T", et s'offusquent que dans "Django Unchained" des fermiers sudistes utilisent le mot "nigger" (or, je trouve que c'est en utilisant "coloured people" ou "african-american" qu'ils auraient l'air cons: un esclavagiste sudiste a son vocabulaire, représentatif d'une culture et d'un état de fait à un instant T).

Les Purs trouvent des tas de théories pour t'expliquer qu'il ne faut plus lire tel ou tel ouvrage, parce que tu as si peu d'esprit critique, mon pauvre enfant, que tu risques de te faire embrigader. On ne parle pas ici de "Mein Kampf" (lu à l'Université, et qui m'est tombé des mains tant il est symptomatique d'un délire paranoïaque visible à 3 kilomètres sans l'aide d'une longue vue), mais des Schtroumpfs, antisémites (cf le nez de Gargamel, et le nom même d'Azrael) ou de Tintin au Congo, lequel est en effet bourré de clichés et de stéréotypes racistes, mais du coup en devient intéressant en tant que représentatif d'une mentalité et d'une époque. C'est même un excellent ouvrage pour ouvrir un débat, ou pour avoir une discussion avec les enfants. Mais non, le Pur est intelligent, le Pur sait. Les autres, ceux qui ne sont pas les Purs ne peuvent pas comprendre et leur esprit est sans doute déjà corrompu...

Ceci me ramène une dizaine d'année en arrière et à mes fameux cornacs. Un cornac, donc, c'est une personne qui s'occupe des éléphants. Plus exactement, ici, des olifants, genre d'énormes mammouths sans poils et à 4 défenses qui broutent dans les contrées de l'Est de la Terre du Milieu. Yep! Il est ici question du Seigneur des Anneaux. J'adore ce bouquin et j'ai beaucoup aimé les films (même s'ils prennent parfois des libertés avec le texte d'origine, mais le résultat fait qu'on pardonne à Peter Jackson).

Or donc, un de mes camarades de la JCR (puisqu'à l'époque, j'étais encore légalement jeune et politiquement trotskiste :P ) était offusqué que je puisse aimer ce film raciste... Et là je le regarde avec des yeux ronds. Raciste, le Seigneur des Anneaux? L'union de peuplades différentes afin de lutter contre le mal absolu et de sauver la Terre du Milieu? Même que le héros, c'est un untermensch? Même que des elfes et des nains s'unissent pour combattre (des elfes et des nains, bordel! On est même à la limite de la symbolique de la faucille et du marteau, les grands bouffeurs de salades vivant dans la forêt s'unissant à des mineurs métallurgistes). Même que le mariage d'Aragorn et d'Arwen, c'est un mariage mixte (et que le papa de la demoiselle n'était d'ailleurs pas très pour)? Même que les arbres -les ents de la forêt de Fangorn- et les animaux viennent à leur secours?

Il me semblait, à moi, dans ma grande naïveté, que dans le genre "Unis dans la diversité contre l'adversité", c'était plutôt pas mal. Las, j'avais zappé la bataille des Champs de Pelennor et la présence des Easterlings juchés sur leurs olifants! Et qui, donc, ont effectivement un look oriental. En même temps, ils viennent de l'Est et en plus ils mènent des genre d'éléphants. Quand on vous parle de personnes qui mènent des éléphants, vous voyez quoi? Comme ça, sans réfléchir? Un Indien, un Indonésien; quelqu'un avec la peau mate et un turban, en gros. En effet, c'est un cliché. Et oui, c'était déjà décrit comme ça dans le livre. Mais est-ce donc une raison, pour la seule bataille des Champs de Pelennor et la participation des Easterlings dans les rangs des méchants pour tout balancer comme ça, alors que l'ensemble du livre véhicule des valeurs de coopération et d'union au-delà des différences? En plus, c'est lors de cette scène épique qu'Eowyn tue le roi Nazgul. Putain, quoi! C'est une femme qui tue un des plus grands méchants de l'histoire! Quoi, "Elle est blonde"? Ah oui, pardon, ce ne sera jamais assez bien, jamais assez correct, jamais assez bourré d'excuses d'être ce que nous sommes.

Parce que le Pur est bourré de honte et de remords, bouffé par la culpabilité de choses qu'il n'a pourtant pas faites. Le Pur expie plutôt que de construire. Le Pur est terriblement judéo-chrétien. Le Pur préfère voir l'horreur des Easterlings aux champs de Pelennor, plutôt que les Elfes et les nains luttant côte à côte pour que le hobbit, l'untermensch, le plus petit et le plus faible, puisse sauver la Terre du Milieu.

Virginie Godet (a lu Tolkien, comme tout bobo qui se respecte)

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14 janvier 2015 3 14 /01 /janvier /2015 13:48

Une légende talmudique raconte qu'avant sa naissance, chaque bébé possède toutes les connaissances de l'univers, et la conscience de ce que sera sa vie, sa mission à accomplir. Juste avant son premier cri, un ange lui mets le doigt sur les lèvres, et dit "chut!". Ainsi il oublie et entre dans le monde pur et innocent, gardant un creux au-dessus de la lèvre supérieure: l'empreinte de l'ange.

En regardant tourner le monde depuis quelques jours, en écoutant mes contemporains, j'en viens à me dire que, si cette légende n'en est pas une (on peut rêver? ça va? c'est encore permis?), tu m'étonnes que je sois née avec 10 jours de retard. Rien à voir avec le fait que, comme on dit dans mon village "c'est une fille, c'est normal, elle se fait belle avant de sortir" (si, je vous jure). Plutôt, sachant dans quel merdier j'allais tomber, est-ce que je ne freinais pas des quatre fers, avec la conscience que, obsédée que je serai par les pourquoi, les comment, les nuances et les équilibres, la justesse, la justice et autres enculages de mouche, je me prendrais en permanence dans la gueule les murs de tous les manichéismes? Et que ça allait en permanence me faire bien mal à un petit coeur qui serait tendre et révolté?

Non parce que là, ça commence à bien faire... Donc, si tu ne gueules pas avec les Desouche qu'on remballe "tout ça" dans son pays, t'es une collabo (ben non, y'a une minorité qui doit être jugée et encadrée, c'est tout). Et si tu expliques que les interdits religieux ne s'appliquent qu'aux croyants, qu'à partir du moment où tu ne crois pas, alors toute religion est une idéologie et partant critiquable (avec des arguments, hein! critiquer n'est pas synonyme de dire du mal, on l'oublie souvent), tu es islamophobe, christianophobe, judéophobe, pastafarianophobe, biffez la mention inutile (voir ci-dessus pour la minorité  qui organise  sa psychose paranoïaque sur un socle religieux). Mais ça va aller, oui?

Parce que, ayons deux seconde de bon sens, c'est une majorité multiple et multicolore, qui se soucie avant tout de vivre en paix, de croire ou pas, de pouvoir en discuter ou de s'en foutre comme d'une guigne, qui est prise en tenaille et priée de se taire ou de suivre, par les différents extrêmes. Et ça, c'est on ne peut plus grave. Parce que le vivre ensemble, selon moi, implique que l'on se cherche des points de convergence, mais aussi que l'on discute des points de divergence. Interroger l'altérité n'est pas un mal, si cela se fait dans l'écoute et la bienveillance. Et surtout pas dans le jugement. Oui, on a le droit de dire que certaines différences nous surprennent, nous questionnent et parfois nous choquent. Tout est dans la façon de le dire. A partir de là, on peut trouver des modalités, des arrangements.

La solution, ce n'est pas de se taper sur la gueule. Mais elle n'est pas non plus de se regarder en chiens de faïence, chacun rangé bien sagement dans sa petite boîte, à ne fréquenter que des "comme soi". Mais il me semble tout aussi irresponsable de considérer des personnes humaines, nos égaux, comme de pauvres petits à protéger, quand ils ne sont plus des enfants. Ecouter les besoins, discuter, soutenir, oui. Mettre en mots, ensemble, sur ce qui pose problème, et chercher, toujours ensemble, des solutions qui conviennent au plus grand nombre, encore oui. Se mélanger, échanger, parfois se friter mais aboutir au-delà des divergences. Et pour cela, prendre le temps de se poser, vraiment, de mettre à plat ce qui fait nos systèmes de valeurs.

De tout celà, est-ce que nous en sommes vraiment capables? Je le souhaite de toutes mes forces... Pour tous ceux que l'ange marquera bientôt de son empreinte, et  qui pousseront leur premier cri, purs et innocents.

 

Virginie Godet (n'était pas pressée de naître, mais souhaiterait partir soulagée)

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 09:12

Même si ce n'est qu'un millième Nord-Midi, même si ça m'énerve de me prendre des pétards dans les jambes, assortis d'un sempiternel "haaaaaan, vous avez eu peur, mademoiselle?", même si les féministes doivent se regrouper parce que leurs revendications ne sont pas toujours bien perçues.

Demain j'en serai, parce que les réformes annoncées seront inefficaces, parce que les mesures d'austérité ne relanceront pas l'économie. Elles mettront plus de gens dans la misère, c'est tout. Des gens qui ne pourront plus se soigner correctement. Des gens qui devront choisir entre se chauffer et manger.

Demain, j'en serai, mais ce ne sera pas encore assez. Et si c'est un peu tard pour réagir (mais qui oserait dire, parcourant ces pages, que je n'ai pas réagi avant?), mieux vaut tard que jamais. Le sursaut est venu devant l'impensable: des réformes mortifères qui ne se font plus en douce. Tant mieux, maintenant, on voit où on va.

Demain j'en serai, et je me ferai insulter par les tortues. Les tortues? Mais oui, les tortues, qui rentrent dans leur carapace et attendent que ça passe. Une atitude tellement belge. Trotsky avait raison, quand il disait que des siècles d'occupations successives nous avaient pris nos capacité de révolte. D'ailleurs, on apprend toujours le latin à l'école, des fois que les romains reviendraient... Rentrer la tête et les pattes dans la carapace, attendre que ça passe, en bonne petite tortue résignée. Pauvres petites tortues qui ne voient pas venir le rouleau compresseur. Triste fin, écrabouillées dans leurs carapaces. Et pourtant, il est encore possible d'agir autrement. Rejoins-nous dans les égoûts, camarade, et devient une tortue ninja (NDLR: poke Robin). Peut-être alors qu'on pourra stopper le rouleau-compresseur, debout, droit-e-s, la carapace comme bouclier.

Demain j'en serai, petite tortue ninja qui n'accepte pas. Et pas seulement pour mes préoccupations personnelles, mais avec une vue globale. Pour le moment, les indignations sont sélectives, et chacun se dresse pour ce qui le concerne. C'est humain, trop humain. Mais c'est aussi merveilleusement humain de s'informer, de penser, de réfléchir, de voir toutes les pièces du puzzle s'imbriquer. De voir quel domino entraîne l'autre. De se rendre compte que, mis à part une infîme minorité très très aisée, on sera tous touchés, de près comme de loin. Même si j'ai bien conscience qu'on doit être très peu à s'inquiéter de l'avenir du CEGESoma, des Archives Générales et de la Bibliothèque Royale. Mais on ne s'inquiète pas que pour ça.

Demain j'en serai aussi pour ceux qui voudraient mais ne peuvent pas. J'en serai parce que le PS n'a pas le monopole de l'indignation, d'autant que tout ce qui passe maintenant, il le faisait passer en douce sous le gouvernement précédent - avec le MR, le CDH, le CDnV, l'Open VLD et le SPA. Et parce qu'il fera passer d'autres crasses en stoum à la Région (en passant, Madame Tillieux, l'associatif avait bien besoin des APE, et rognait déjà sur les budgets biscuits-café).

J'en serai parce que je suis têtue comme une mule, et que je n'ai pas, quoi qu'on en dise, à avoir honte de mes opinions. Elles ont leurs raisons d'être, tout autant que la résignation d'autres. Elles s'ancrent dans une lecture du présent à la lumière d'un passé que j'ai étudié. Quand l'économie mondiale s'est plantée, il y a moins d'un siècle, la seule recette qui ait vraiment marché, ce fut le new-deal. Que je sache, Roosevelt et Keynes n'étaient pas d'affreux gauchos avec le couteau entre les dents. La différence actuelle, c'est que le new-deal se doit d'être global. Moi je dis: chiche!

J'en serai, n'en déplaise... Et mon utérus va très bien (puisqu'il est désormais de mise de traiter toute femme assumant ses opinions d'hystérique).

J'en serai, n'en déplaise...

 

Virginie Godet (note à destination de la police: atteinte du syndrome d'Ehlers-Danlos, mes poignets sont très fragiles... normalement, je me tiens bien, mais sait-on jamais: mollo en passant le Colson, vous risquez de me les casser)

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23 octobre 2014 4 23 /10 /octobre /2014 15:42

 

Voilà que c'est sorti, les réformes dans le système de soins de santé, où il importe, comme partout ailleurs, de faire des économies- 355 millions. Et j'ouvre- une fois n'est pas coutume- des yeux de hibou. Mais dans quoi ils vont faire des économies, eux?

Ben, déjà massivement dans la santé préventive des femmes - alors que 60% d'entre elles devront travailler jusque 67 ans. Si je ne m'abuse, il vaut mieux être en bonne santé, si on veut faire une carrière complète, or les carrières féminines sont assez souvent interrompues (au passage, mesdames, le séjour en maternité est réduit de 3 jours et demi à trois jours... Sans doute pour rogner sur le buget Danettes et viande bouillie). Suppression des budgets alloués à la mammographie digitale. Faut dire que ladite mammographie était souvent prescrite par le gynéco suite à la palpation de routine. Oui mais, le ticket modérateur "spécialiste" passe à 12 € en tarif non-préférentiel. Et avant de toucher le différence, faudra quand même payer plein pot. J'imagine le nombre de patientes qui vont zapper la case "contrôle technique". Résultat des courses: cancers du sein moins bien détectés, du col de l'utérus itou. Oh joie.

Les bigleux ne sont pas mieux lotis, donc on zappera de même le contôle ophtalmo. Quand on pense que ça prend un temps bête pour avoir rendez-vous.

Attention, preuve par l'absurde et triple salto. Prenons un conducteur lambda dont la vue commence à baisser, mais postpose faute de moyens. Lequel renverse un piéton qu'il n'avait pas vu. Le piéton se retrouve aux soins intensifs. Eh bien en soins intensifs, le nombre de jours facturables sera limité!  Qui plus est, avec un supplément pour la surveillance nocturne. Ah mais c'est clair qu'on reste en réa pour le plaisir d'entendre le biiiip-bip-biiiip-bip de ses voisins de chambrée. Mais j'y pense, et si on affectait les tricheurs qui restent pour rien à la surveillance des autres, hein? En voilà-t-y pas une idée qu'elle est bonne? (On remarquera que je soulève mine de rien que cette économie dans les soins de santé risque donc de causer des problèmes en terme de sécurité routière, mais bon, je ne suis pas un expert-autorisé-à-penser)

Autre point qui attire mon attention: la diminution du nombre de pacemakers... Parce que oui, mesdames, messieurs, tout comme certains zouaves s'amusent, semble-t-il, à rester en soins intensifs plus que de raison, d'autres se font poser un pacemaker comme ça, pour le fun. Là je me dis que si on veut faire en sorte que, vraiment, ça diminue, ce serait peut-être en mettant le paquet sur la prévention. Manger sain-bouger plus? Certes, mais le DMG+ (dossier médical global ouvert aux 45-75 ans) qui sert aussi à la prévention, sera à manipuler avec précaution. On ne donne des conseils de prévention que quand c'est vraiment nécessaire. C'est pas comme si la prévention servait d'abord à ne pas tomber malade...

Quant aux implants qui seront aux aussi plus sévèrement réglementés et posés avec parcimonie, ne croyez pas qu'il s'agisse d'implants mammaires... Non, non, on parle de pompes à morphines, par exemple, nécessaires dans la gestion de la douleur... Vous me direz, vouloir ne plus avoir mal, c'est un choix de confort, pas une nécessité (NDLR: merci, Val pour ces dernières infos)

Bref, j'en passe et des meilleures, dont certaines que je ne comprends pas, comme le remplissage seulement à 70% de l'insitut psychiatrique médico-légal de Gand. Déjà qu'on manque de place en psychiatrie "classique", voilà qu'on n'internera pas les personnes qui doivent l'être suite à une décision de justice. Remarquez, ça remplira en partie les prisons, les prisonniers travailleront dans les ateliers, ce qui remplira les caisses de l'Etat. Mouais, sauf que ça retire de la clientèle aux ateliers protégés. Déjà que les chômeurs en "service à la communauté" feront le boulot des ouvriers communaux (entre autres)... Ah ben voilà, tout le monde finira par travailler gratuitement jusque 67 ans... Mais bon, évitez quand même de tomber malades.

 

Définitivement, je pense que la kamidoise n'a pas fini de m'étonner, au mieux, de m'énerver, au pire. Son seul avantage, c'est de ne pas faire ses coups en douce. Mais ces décisions sont tellement énormes qu'il ne faudra pas se plaindre après que les citoyens se fâchent.

Et je ne crois pas que cette colère se limitera longtemps à de la peinture et quelques vitres cassées. C'est que ça ne fait pas plaisir de voir nos droits conquis en kit et en paquets plats.

 

Virginie Godet (hallucine rien qu'en fumant de l'accord de gouvernement).

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