On nous prend pour des cons aux Galeries Farfouillettes.

Quand on voit comment fonctionne l'usine à gaz européenne, on peut raisonnablement considérer que la Commission nous préfère en consommateurs, plutôt qu'en citoyens. Considération qui m'irrite le muscle horripilateur (si, il existe, wikisez, si vous ne me croyez pas), mais tant qu'à faire, elle pourrait uniformiser encore mieux les règles, alors, la Commission. Histoire qu'on puisse s'adonner sans déboires à la seule occupation qui ne soit pas suspecte dans notre belle Union. Argh, tout à coup, j'ai les dents qui grincent...

Pourquoi donc ruminer ça de si bon matin?

Passant le week-end à Paris avec des amies, nous nous décidons à faire un tour aux Galeries Lafayette. Bonne idée, je n'y avais jamais mis les pieds. J'ai vu 3 fois les thermes de Cluny, le Louvres, le Musée du Quai Branly, je suis même allée visiter des musées qu'il faut vraiment connaître pour y entrer, comme le Nissim de Camondo et le Cognacq-Jay, dédiés au mobilier français du 18ème siècle (voui, c'est pointu, un peu), mais jusqu'à présent jamais je n'avais foulé les allées des Galeries Lafayette. C'est pas que je fasse de la résistance, c'est juste que je n'y avait même pas songé.

Donc... Nous voilà entrées directement par le métro,  rayon chaussures. Trop pour mes pauvres yeux. Le supplice de Tantale pour une obsessionnelle de la godasse telle que moi (mais non, je ne suis pas fétichiste, je ne les lèche pas, je les porte). Mais là n'est pas la question. Partout sur les présentoirs, des chaussures avec de grosses étiquettes de couleur, et des affiches avec "chut" écrit dessus. Promo surprise? Déjà là, ce n'est pas net. Imaginez la déconfiture à la caisse: "C'est 5% de réduction, madame". Diantre, je crois que tous comptes faits, je ne vais pas les prendre, ces Jimmy Choo. Enfin, heureusement, j'étais restée stoïque, si, si, je vous jure. Ce n'est pas à moi que la mésaventure est arrivée... Par contre, une de mes comparses flashe sur une paire de baskets. Un coup d'oeil en coin sur un mémo à la caisse nous permet de constater que la pastille bleue, c'est 40%... Bonne pioche, très bonne pioche... Après moultes tergiversations sur le choix de la matière et de la couleur, direction le préposé à l'encodage et au paiement:

-Vous avez la carte des Galeries, madame.

-Ah non.

-Alors, vous ne pouvez pas bénéficier de la réduction.

-Ah... Où pouvons-nous nous procurer la carte?

-Service clientèle, à l'étage supérieur. N'oubliez pas de présenter un rib.

-Un quoi? (Depuis quand doit-on se promenez avec des os de côtelettes? En quoi est-ce nécessaire pour avoir une carte de fidélité???)

-Un rib, madame. Le document qui reprend vos coordonnées bancaires.

-Mais, nous ne possédons pas ce type de documents. On n'a pas ça en Belgique.

-Si vous ne possédez pas de compte bancaire en France, vous ne pourrez pas avoir la carte.

Autant dire qu'il a pu se les garder, ses baskets. Il pouvait même se les manger avec des ribs, si ça lui chantait... Parce que, si on résume: il s'agissait en fait d'une vente privée qui ne s'annonçait pas comme telle, uniquement destinée aux clients disposant d'un compte bancaire en France et acceptant de prendre une carte de crédit du magasin, pas une carte de fidélité... Ce qui n'était bien entendu expliqué clairement nulle part, si ce n'est dans un dépliant dont nous n'avons entendu parler qu'au service clientèle...

Voilà où je voulais en venir au départ... Tant la Commission européenne que le Parlement ont parmi leurs fonctions la protection du consommateur (lequel est aussi citoyen et  possède donc le droit d'interpellation, il parait). Il doit donc y avoir des règles communes qui existent dans cette matière. Qui plus est, si je ne m'abuse, le principe de base de notre belle et grandissime Union, c'est la libre circulation des biens et des personnes. Sans discrimination entre les citoyens-consommateurs, seuls dignes de s'exprimer et d'être entendus si on en croit plus les faits que les principes. Les Galeries ne favoriseraient-elles pas les clients nationaux, en l'occurrence, en plus de pratiquer une vente privée cachée, et de pousser au surendettement en pratiquant une forme de vente forcée de produit de crédits? Hein???? On me pardonnera ma méconnaissance des toutes les directives européennes, une chatte n'y retrouverait pas ses petits, et je ne suis pas juriste. Mais, franchement, si de telles réglementations n'existent pas (ce dont je doute), ne serait pas utile d'en établir (ce que j'espère)?

Sur ce, je l'ai vu la verrière, elle est fort belle, en vérité... Mais ma gueule, ils ne la reverront plus, aux Galeries Farfouillettes!