Si, si, vous lisez bien... Marre de payer pour les banquiers qui plantent leur bizness, et qu'il faut sauver parce que l'argent avec lequel ils ont joué, c'était celui des épargnants. Marre des patrons de multinationales qui paient moins d'impôts que leurs ouvriers, que leurs employés qu'ils prennent tout au plus pour des "variables d'ajustement". Marre des spéculateurs de tous crins, et surtout, surtout, les retraités de Hedge funds, les nouveaux riches cantonnais, les jeunes traders dont les dents acérées font rien qu'abîmer des parquets qui ne leur ont rien fait. Ceux qui spéculent sur les matières premières agricoles en s'en foutant des famines que ça entraîne, et sur les dettes des États qu'on note comme des andouillettes.
Pas de doute pour moi, les assistés, c'est eux! Et qui mettent joyeusement tous les autres dans la merde, en n'en ayant rien mais rien du tout à caler. Sauf si, bien entendu, les État se mettent dans la tête de vouloir aider les "variables d'ajustement". Elle n'a rien à exiger, la variable, elle ferme sa gueule, la variable, elle vend la force de travail de ses bras, de son cerveau, des deux à la fois. Et elle dit merci, sinon, y'en a 20.000 qui attendent sa place dehors. Et elle se prend un crédit à la consommation, sinon, ce sera de sa faute si d'autres variables d'ajustement se font virer.
Quoi, moi, gauchiste? Noooon? Et plutôt deux fois qu'une. Et je me refuse à rouler pépère sur les autoroutes de la non-pensance. Non, les allocataires sociaux ne sont pas globalement des pourris. Certes, des petits malins profitent du système. Comme souvent. D'autres aussi ne font que reproduire ce qu'ils ont toujours connu. Mais est-ce une raison pour condamner à la grosse louche l'ensemble des personnes qui peinent à trouver un job? Comment fait-on rentrer 200.000 chômeurs dans 40.000 offres d'emploi? Vous m'expliquez?
La crise économique, on est dedans depuis 30 ans, et là, ça s'aggrave de chez grave. Un système financier parti en roue libre. La machine est folle et risque à tout moment d'exploser. Et sur qui fait-on reposer les responsabilités? Sur ceux qui sont déjà broyés par les rouages de la machine. L'humain n'a plus pour toute valeur que celle de l'argent qu'il rapporte. S'il coûte, on l'évacue. Optique purement utilitariste. Donc, dans les mois qui viennent, pour rassurer "les marchés", on va virer du chômeur en veux-tu, en voilà. Mais comme le holding communal est planté, comme les finances des communes seront plus bas que terre, voulez-vous bien me dire ce qu'on va en faire? Les CPAS vont être débordés, des choix douloureux devront être faits. Encore heureux que la réforme des aides aux banques alimentaires n'est finalement pas passée, sinon ça aurait douillé sec pour les obsèques des indigents, dites-moi. Oui, c'est de mauvais goût, mais nondedjeu, j'ai les nerfs en pelote.
En 2005, Matthias Lievens expliquait dans son livre "30 ans d'austérité, ils nous ont trompés" que le montant du déficit de la sécurité sociale équivalait aux sommes non-perçues suite aux avantages fiscaux accordés aux multinationales via le système des centres de coordination, système depuis supprimé, et remplacé par celui des intérêts notionnels. Aujourd'hui, l'argent que l'état doit économiser, rogner de tous côtés, après avoir sauvé le système bancaire... Bon, ça paraît simple, vu comme ça, évidemment que c'est plus compliqué et qu'il n'était pas question de planter l'épargne de tout le monde à cause des erreurs de gestion de quelques uns. Et je n'ai pas de solutions toutes faites. Par contre, j'ai un gros ras-le-bol de voir à intervalles réguliers les conneries des 1% qui planent réparées par les 99% qui grattent. La privatisation des bénéfices et la collectivisation des pertes. Et je rêve tout haut, de voir les 99% s'allier pour résister à ça, au lieu de se foutre mutuellement des bâtons dans les roues, en arguant que c'est forcément la faute de celui de l'échelon d'en-dessous, du plus faible, de celui qui vient d'ailleurs, des bonnes femmes qui ont voulu travailler, des profs qui ne font pas leur boulot, des fonctionnaires qui ne foutent rien, des chauffeurs de bus qui sont toujours en grève et des syndicats qui n'ont que ça à faire. Pendant qu'on se bouffe entre nous, ça se marre dans les bureaux de trading.
Pendant qu'on se bouffe entre nous, la stratégie du choc (cf. Naomi Klein) se met en place. Elle est déjà en place. A force de trouille pour le lendemain, trouille ô combien justifiée, on va avaler n'importe quoi, pour sauver ses tartines. La leçon bien apprise, on marchera sur le cadavre du voisin. Sans morale, sans éthique, en persiflant sur les naïfs qui parlent justice et équité.
Virginie Godet, qui refuse de manger des couleuvres.