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18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 09:25

 Cherchez un peu dans les tréfonds de ce blog, vous trouverez un premier texte dans lequel je disais que mes contemporains, ceux du "peuple des forums", me collaient les miquettes, grave! Eh bien ça ne s'arrange pas. Pire, l'anonymat relatif des fils de discussion n'est plus de mise : ça nausée-abonde dans la file du supermarché, à la grille de l'école, dans les bus des TEC. Monculdabord gagne du terrain. 

 

J'en vois déjà qui vont me coller une étiquette de Bisounours. Ah non, ça, je ne le suis pas. D'abord, je suis allergique au rose bonbon et aux paillettes. Et puis, contrairement aux idées reçues, ou aux préjugés de classe qui me collent aux basques parce que je cause plus ou moins correc', je vis la même vraie vie que les vrais gens, et j'ai des yeux et des oreilles. Je paie des factures, je fais mes courses, je serre la ceinture et je prends le bus, comme tout le monde. Pas à Bruxelles, à Liège. Mais il n'y a pas que dans la capitale qu'on peut avoir un sentiment d'insécurité. Ou qu'on peut constater une insécurité, des incivilités réelles. Ou ressentir le climat anxiogène, l'augmentation d'une agressivité générale, la radicalisation des opinions. Et quand on essaie de raison garder, un peu, quand même, on se prend les baffes de tous côtés.

 

Donc, je ne suis pas un Bisounours. Tant les comportements asociaux, antisociaux, que le fait de les imputer à une seule portion de la population me gonflent. Un gros con est un gros con, un abruti est un abruti. D'où qu'il vienne, pays ou milieu. Quel que soit son sexe, aussi. Et le temps ne fait rien à l'affaire. Je n'aime et ne supporte pas plus les commentaires racistes, sexistes, populistes au sens crade du terme que les insultes, les crachats et les agressions tant verbales que physiques. Je comprend que certains se sentent rassurés par un renforcement du dispositif policier, je me dis qu'on ne va pas pouvoir l'étendre indéfiniment. Que c'est, comme toujours, une vue à court terme. Nécessaire, sans doute, mais court-termiste.

 

Sur le long terme, il faudrait apprendre, réapprendre à vivre ensemble, réapprendre que l'espace public est à tout le monde, et qu'on y a droit au respect et à la sécurité, toutes et tous. Et que si chacun a droit au respect du simple fait de son appartenance au genre humain, alors chacun le doit aussi aux autres. Ce n'est pas un truc à sens unique. La réciprocité n'est pas qu'un mot, un artifice, et n'a rien d'une formule incantatoire. C'est même (attention, je vais écrire un gros mot) une obligation morale. Tout n'est pas permis, et les règles ne sont pas là pour vous emmerder. Elles sont là pour encadrer, et faciliter ce partage de l'espace. Elles sont assez fermes pour empêcher, en principe, les dérives, assez souples pour que chacun soit libre de ses actes et de ses paroles, tant que cela ne nuit pas aux autres. Dans le fond, c'est assez simple. Je suis une obsessionnelle de ce principe: ne nuire ni à soi, ni aux autres, ni à son environnement.

 

Comment faire? J'ai bien quelques idées, mais, comme je l'ai déjà écrit souvent, je ne décide pas toute seule dans mon coin. Disciple de Condorcet, je pense évidemment que c'est la culture, lato sensu, qui libère. Que le civisme, ça s'apprend. Mais l'école ne peut pas tout, et les enseignants et éducateurs ne sont pas là pour pallier à toutes les carences. Où positionner le curseur entre la prévention et la répression, dans des temps où ceux qui hurlent au laxisme me font parfois penser à une meute enragée, tandis que ceux qui pensent que tout est "la faute à la société" laissent parfois passer à leur corps défendant des merdeux pour de pauvres petits Caliméros? Où trouver le point d'équilibre? Je sais, je suis gavante avec mes questions, mais ce serait pire, je pense, d'asséner des certitudes de façon péremptoire.

 

En attendant, j'ai la trouille. La trouille de cette radicalisation de la société. La trouille des solutions simplistes, et forcément irréalistes. La trouille du court-termisme. La trouille des aveuglements en tous sens. La trouille de ceux qui refusent de regarder en face, et aussi de ceux qui voient des choses qui n'existent pas. J'ai envie de calme et de raison. Et d'émotion vraies.

 

En attendant les solutions à long terme, qui prendront forcément du temps, je pratique le seito-boei, une technique d'autodéfense (émotionnelle, verbale, physique) pour femmes. D'aucuns craignent que cela nous rende plus agressives. D'aucunes craignent que, cela se sachant, on nous agresse pour nous tester. Tout ce que je sais, c'est que cela me permet de poser mes limites, dans l'espoir qu'un jour, peut-être, on arrête de les transgresser. Qu'un jour, peut-être, chacun connaisse ses limites et reconnaisse celle des autres.

 

Virginie Godet (Doute, pense, est)

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commentaires

M
Bonsoir Gilou.<br /> <br /> En fait, tout est question de nuances, dei-tons et demi teintes. Un rose murant qui tire sur le lilas, j'aime... Un flashy genre "tongs de Barbie", euh, sans moi ;0P
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G
Tu n'es pas la seule, et je ne vois pas, avec l'inertie actuelle, comment cela pourrait aller mieux d'ici peu...et j'ai peur du jour ou l'élastique cassera ....<br /> <br /> note plus légère : vu le fond rose, je doute que tu n'aimes pas la couleur O_o'
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