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11 avril 2012 3 11 /04 /avril /2012 15:23

L'émocratie, c'est le pouvoir des émotions. Plus exactement, l'émotion des masses qui dirige les réactions du politique. Peut-être n'est-ce pas nouveau, et je m'en aperçois seulement, mais on a l'impression que les dirigeants se réveillent pour faire des propositions fortes en apparence, dés que se produit un événement qui marque les esprits.

 

Or, les événements marquants de ces derniers temps, ces morts violentes et absurdes, ou plus loin dans le temps, ces sans-abris qui subissaient le froid de plein fouet, sont des symptômes du fonctionnement de notre société.  Des symptômes qui frappent à juste titre, mais réagir à eux seuls revient à mettre un emplâtre sur une jambe de bois. On ne résout pas des problèmes structurels avec des solutions conjoncturelles. De même que les politiques d'austérité, si elles semblent pour certains justifiées, si on peut les avaler en période de crise gravissime, sont des réponses conjoncturelles. Sans rire, ça me semble du court-termisme. Parce que, dans le fond, on ne remet pas en cause le système qui a permis la crise. On fait le gros dos, et on s'adapte. Et tant pis pour les millions de personnes qui resteront sur le carreau.

 

Donc, en ce moment, ce qui provoque l'émotion, à travers des faits divers en effet effrayants, c'est l'insécurité. Qu'elle soit réelle ou ressentie. C'est la violence des personnes. La violence de la société. Donc, les décideurs mettent l'accent sur ce qui va rassurer: une plus grande présence policière. Donc des emplois créés, ce qui fait d'une pierre deux coups. Mais où est le questionnement sur les origines de cette violence? Certes, la violence a toujours existé, mais bon, nous sommes censés, au 21ème siècle, avoir évolué un chouïa, non? On n'arrête pas de nous dire que nous vivons dans une société où les gens sont plus instruits et plus informés que jamais. Alors quoi? Qu'est-ce qui fait que nous n'arrivons pas à brider nos frustrations, ou à les transformer? A les verbaliser? Comment se fait-il que les autres n'acceptent pas que l'on pose ses limites? Beaucoup de questions, encore et, pour changer, non, je n'ai pas de réponse. Mon truc à moi, c'est poser des questions.

 

Ceci dit, se poser des questions, n'est-ce pas se mettre en retrait de l'émocratie? Pas forcément tout le temps, je ne suis pas un poisson froid. Plutôt une éponge à émotions, justement. Des émotions qui agressent et font mal, souvent. Qui vous submergent. Des tas de gens dans l'émotion pure, dans l'émotion elle aussi violente. Dans un état de frustration qui exige des réponses immédiates. Un sparadrap, et on repart, jusqu'au prochain épisode. Est-ce que se poser un moment, et tenter de comprendre, fait de vous un non-humain? Ou, en tout cas, pas un "vrai gens"?

 

Est-ce que cette capacité de raisonner "à froid", et ce malgré l'émotion véritablement ressentie, n'est pas, en fin de compte, une capacité dont nos dirigeants se doivent d'être dotés? Le recul et l'abstraction. La vision à long terme. Sans nier les urgences, sans faire abstraction, des chocs et des imprévus. Mais sans attendre, non plus, que l'impensable se produise pour chercher des solutions.

 

Virginie Godet (qui ne compte pas arrêter de se poser des questions)

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commentaires

C
ah oui ça!<br /> virer dans l'émotion pour prendre en catastrophe des solutions qui ne seront jamais qu'à court terme.. !<br /> mais il faut rassurer le peuple aussi!<br /> bref, ceci pour dire que je vous rejoins cent pour cent<br /> Merci pour ces articles intéressants et... bien écrits!!
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