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9 mars 2012 5 09 /03 /mars /2012 00:54

Avec tout l'appareillage qui va avec, vu que j'ai eu trois bébés, ma passion, ma vie, même qu'y sont beaux, mes fils.

Je confesse, même pas honte, faire mon repassage en regardant la Fashion Police sur E! (et même être abonnée à la newsletter).

Je confesse avoir pleuré devant Titanic, même que ma copine Manu a cru mourir noyée.

Je confesse me pâmer devant Colin Firth, et rêver de l'épouser dans les Cotswolds, avec une grande cérémonie pleines d'invitées british munies de chapeaux invraisemblables.

Oui, je lis Jane Austen (en VO, ça compte?), la boîte de mouchoir à la main, en bouffant des pralines.

Oui, j'ai une crème de jour, une crème de nuit, des Gilette Vénus au bord de la baignoire, et je suis la reine des produits de soin capillaires.

Oui, j'adore cuisiner.

Oui, je mets mon eye liner comme une Cléopâtre de compétition.

 

Oui, oui, oui, je suis une vraie fille.

 

Et ça ne m'empêche pas d'avoir des idées... 

 

Et pire que tout, je ne suis pas la seule.

 

Alors, Sans-Chichis, ça vous va comme ça?

 

Virginie Godet, de l'internationale des blogueuses qui ne sont pas des filles.

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7 décembre 2011 3 07 /12 /décembre /2011 09:41

Bah oui, j'voudrais bien être à la manifestation de soutien aux travailleurs d'Arcelor Mittal, mais j'peux point: y'a pas de bus.

J'voudrais bien rouspéter sur cette grève des bus qui m'empêche d'aller manifester, mais j'peux point: les travailleurs des TEC sont solidaires des travailleurs d'Arcelor-Mittal. Donc je suis solidaire des travailleurs des TEC. Donc je manifeste virtuellement ma solidarité avec tous, à défaut de prendre le bus pour aller manifester. Vous suivez toujours?

 

Ceci dit, c'est quand même casse-bonbons. Un nombre conséquent de fois, alors que j'avais envie de manifester, d'aller ajouter ma voix au concert des citoyens qui font leur devoir - vous lisez bien, leur devoir, ils exercent leur capacité critique de citoyens, qui ne se limite pas à mettre son bulletin dans l'urne à date plus ou moins fixe- y'a comme un binz au niveau organisationnel. Et pas seulement des problèmes de transports. Pas facile de s'engager quand on est mère de famille dite nombreuse (3 enfants, en Belgique, c'est beaucoup), avec en plus des gniards encore en âge scolaire... Pas question pour autant de se la jouer citoyenne de seconde classe. Rogntudjû de rogntudjû. Engagez-vous, qu'ils disaient...

 

"Femme engagée doit savoir jongler", avec la double, la triple journée, avec les horaires, avec les gniards, leurs contrôles pile le lendemain d'une manif ou d'une réunion importante, avec ses horaires et ceux du conjoint (ou de la conjointe, vu que j'écris d'un pays où les couples de même sexe peuvent s'officialiser s'ils le souhaitent, et c'est bien). Parce que, non, femme engagée n'est pas forcément célibataire, n'est pas forcément nullipare, n'a pas forcément envie d'attendre que les enfants soient assez grands pour se débrouiller tous seuls. Il n'y a aucune raison valable pour que la tranche des 30-40 ans s'élimine d'office. Il n'y a que des défauts d'organisation. Et pas de raisons non plus qu'elles doivent palier toutes seules, ou en couple, à ce genre de problèmes. Je n'ose pas imaginer les obstacles - ou je ne les imagine que trop bien- rencontrés par les cheffes de familles mono-parentales. D'ailleurs, certains partis (dont celui dans lequel je milite) prévoient des budgets baby-sitting, ou des garderies lors des événements. Et ça, voyez-vous, c'est une initiative dont je pense, vraiment, qu'elle doit se généraliser. La maternité est un choix, mais elle ne doit pas devenir un obstacle. On peut être mère, travailleuse et militante. La capacité à s'engager des mono ou multipares n'a pas à être remise en question. Elle est par contre parfois limitée, faute de solutions. Et c'est pas la peine de nous faire culpabiliser, en plus, à grand coups de : "On ne t'a pas vue, tu n'y étais pas, tu as raté le début, tu as raté la fin, on aurait eu besoin de toi tel jour"... Ben non, c'était pas possible.

 

Dans les mois qui viennent, avec les projets d'austérité que nous préparent les dirigeants européens, et notre gouvernement  enfin en place (les mêmes qu'avant plus le SPa, voilà qui méritait de prendre son temps), il va y avoir des tas d'occasions de se bouger. Je l'espère. J'espère qu'on ne va pas se laisser bouffer tous crus, qu'on ne va pas avaler sagement nos couleuvres, qu'on va se bouger (attention, je vais être vulgaire) les doigts du cul. Et si ça se passe, j'espère en être. Parce qu j'voudrais bien. Et j'voudrais pouvoir, plus qu'à coups de gueule, plus qu'à coups de mots, parce que j'en aurai trouvé les moyens.

 

Virginie Godet, activist-mum.

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16 novembre 2011 3 16 /11 /novembre /2011 09:56

Pire, ma mère achète au Télé-achat. Comble de l'horreur: elle n'est pas la seule.

 

La maison de mes parents déborde de produits achetés sur un coup de tête, prenant la poussière avec autant de calme assurance que le moche vase offert par tante Germaine pour leur mariage, et qui a miraculeusement échappé aux ballons, duels au sabre laser et autres boums. Ce vase est maudit: il refuse de se casser. Les produits du télé-achat, c'est pareil: une fois que tu les reçois, tu te rends compte qu'ils ne servent à rien, et puis tu oublies de les renvoyer à qui de droit. Les voilà devenus piste de danse pour tous les acariens, toutes les acariennes.

 

Je trouve le comportement de l'auteure de mes jours assez symptomatique du monde dans lequel nous vivons. De ce que Marx appelait le fétichisme de l'objet, de ce que Goldman a chanté dans "Les Choses". Et ça me pose vraiment question, parce que c'est quand même une femme instruite, qui vient d'un milieu bourgeois, éduqué (sinon, elle ne m'aurait pas, consciemment, donné le prénom d'une cruche littéraire qui meurt noyée de ne pas vouloir enlever sa robe, mais c'est une autre histoire). Donc, intellectuellement, elle est armée pour voir les messages qui sont envoyés par ces émissions. Je veux dire, moi aussi, j'adore regarder ce genre de programmes, surtout les américains mal doublés, tellement c'est drôle à force d'être nul et lourd... Si je suis capable de le remarquer, en théorie, elle aussi. C'est ma mère, quoi, merde!

 

Eh ben non. Elle tombe dans le panneau de la promesse d'une vie rêvée, d'une image lisse, d'une maison parfaite, le tout sans autre effort que de donner le code de sa carte de crédit. Donc déjà pour la maison parfaite de la parfaite femme au foyer, plus ou moins désespérée, c'est déjà foutu, étant donné le brol causé par l'exposition des collections permanentes du musée du téléshopping. Entre la rôtissoire pour cuire sans graisse (j'ai essayé avec mon bête four de ma cuisine, ça marche aussi), les extracteurs de jus, le machin qui fait des smoothies (dont je ne vois pas la différence avec le magic-chose d'il y a 5 ans, à part le design), les appareils de gym, destinés à faire maigrir mon père et mon frère cadet, bâtis comme des armoires normandes, mais qui ne sont utilisables que par des personnes pesant moins de 100 kilos (c'est ballot), et les montagnes de pots de crème à la bave d'escargot (elle est encore trop jeune pour le pseudo-botox au venin de serpent), plus moyen de poser quoi que ce soit.

 

Mais que cherche-t-elle à remplir, en achetant toutes ces choses? Que cherche-t-elle, et que cherchent-elles? Parce qu'elle est loin d'être la seule. Et que je serais curieuse de voir une audimétrie de ces programmes, analysée sous l'angle du genre. Une répartition par sexe des spectateurs, une répartition des produits en fonction des rôles genrés, voire même une grille horaire... Je vous fiche mon billet, c'est tellement évident, que les produits visant un public féminin sont présentés en semaine, à une heure où se retrouvent devant la télévision une majorité de chômeuses et de femmes au foyer... Tiens donc... Remplir le vide de sa vie par des objets, parce que ce que l'on a, c'est ce que l'on est.

 

Remarquez que ce n'est pas nouveau, ce genre de comportement et d'achat compulsifs basés, aussi, sur le regard des autres. Acheter du nouveau pour montrer que malgré tout, on a un peu les moyens. C'est aussi le principe des ventes par démonstrations. Comme on est invitée par une amie, on achète des produits de maquillage, des boîtes hermétiques ou un petit canard vibrant, histoire de ne pas passer pour une fauchée, sous le noble prétexte de lui permettre de gagner un cadeau. La mère d'un très vieil ami (coucou, Lau!!!) possède ainsi la collection complète de tous les ustensiles Tupperware depuis les années '70, ce qui en fait une personne-ressource essentielle pour tout qui souhaite étudier l'évolution du design des susdites boîtes sur les 40 dernières années. Un musée n'aurait pas été ouvert, il me semble, à Bruxelles, elle aurait pu en avoir l'initiative. Un atout incroyable pour le tourisme dans la petit ville dont nous sommes originaires. Caramba, encore raté!

 

Enfin, le pire, c'est que je me paie leur fiole, mais dans le fond, je ne vaux pas mieux. En version bobo-bio, mais pas mieux. En consommatrice invétérée de bien culturels, livres et cd's, et par conséquent, d'étagères suédoises. En fashionista accro aux fringues de seconde main et pompes de second pied (l'affaire du siècle, ma chérie, je-te-dis-pas). Et surtout, surtout, en spécialiste de l'utilisation des anti-rides par suggestion. Une fois le pot sur l'armoire de la salle de bain, je le regarde intensément, chaque matin. La même zone du cerveau est activée lorsqu'on fait une action, ou lorsqu'on pense à cette action. Ni vu, ni connu, je t'embrouille. Mes cellules vont se régénérer, c'est garanti sur pièces. Le mois prochain, j'essaie avec ma colo.

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25 octobre 2011 2 25 /10 /octobre /2011 19:57

L'empowerment, mais que voilà  un nom barbare. Cela consiste à se réapproprier son propre pouvoir, à trouver des stratégies pour devenir acteur, actrice de sa propre vie. Trouver, ou retrouver sa plussoyance, dirait l'Alice de Lewis Carrol.link

 

Or, vu les siècles et les siècles de position de retrait imposée aux femmes, vu les siècles et les siècles d'absolue nécessité à se conformer au moule, à la gangue, au corset, au carcan de la respectabilité, sous peine de rejoindre les rangs des gourgandines, on l'a un peu perdue de vue, notre plussoyance, mesdames. Un peu beaucoup. Et c'est pas encore gagné, la reconquête. Pour la simple, mais pas forcément bonne raison, que quand vous sortez d'un moule, v'là t'y pas qu'on veut vous faire entrer dans un autre. Désespérant...

 

Parce que c'est une bien belle chose de retrouver ce fameux pouvoir-en-soi, et de se penser apte, légitime et compétente, en tant que femme, en tant que travailleuse, en tant que citoyenne. De penser, d'oser penser que même son quotidien a force d'expertise. Même sans appui théorique. Que sa parole a de la valeur, parce qu'on dit ce que l'on sait, ce que l'on connaît, que l'on fait part de son vécu, qui n'est pas sans intérêt. Qui peut se nourrir, par la suite, de cette fameuse théorie, à laquelle on n'a pas forcément accès. Mais est-ce parce qu'on n'y a pas accès qu'on doit forcément se taire?

 

Oh, bien entendu, cette réflexion ne m'est pas sortie toute armée du crâne comme Athéna du crâne de Zeus. Et elle ne s'est pas générée spontanément. Oooooh non...  Elle fait échos aux réactions qui ont suivi la Slutwalk. Je le savais que les participantes allaient se faire taper sur les doigts, mais à ce point, c'est navrant. Femmes de tous les jours, femmes de la rue (sans mauvais jeu de mots), qu'allaient-elles faire dans cette galère? De quel droit s'autorisaient-elles à penser, hors des milieux autorisés? Et pour réclamer le droit de pouvoir s'hypersexualiser? En reprenant à leur compte une horrrrrrible injure sexiste? Arrrrgh, béotiennes, retournez donc vous planquer derrière vos caisses enregistreuses, vous ne comprenez rien à rien!

 

Ouais euh... Sauf que ce qui était demandé, ce n'était pas le droit de s'hypersexualiser, mais bien celui d'occuper l'espace public sans se faire insulter, importuner, brutaliser, ou pire encore, et ce quelle que soit la tenue portée. Bref, c'était le refus du jugement qui était mis en exergue. Parce qu'on est respectable du simple fait d'être, en l'occurrence, un être humain, en bure ou en string, tant qu'on respecte la loi commune. Ce qui ne me semble pas, au fond, hallucinant de bêtise. Sans doute la méthode pouvait paraître discutable. Mais aurions nous manifesté dans une tenue considérée comme correcte, sous une dénomination qui ne fait pas de vagues qu'il m'est avis que l'événement aurait été passé sous silence. D'accord, ça fait chier, mais ainsi va la société des média... Qu'on aime ça, ou pas...

 

Je ne veux pas ici faire un scandale. Je ne veux pas jouer les donneuses de leçons (encore que)... Mais la prochaine fois que j'entendrai quelqu'une me parler de l'empowerment, le mettre en avant, je sourirai doucement... Parce que l'empowerment, l'appropriation de ce sentiment de légitimité, il est pour toutes. Absolument toutes. On peut partager une opinion, ou non. On peut discuter, ça fait avancer. Mais pas exiger de l'autre qu'elle se taise parce qu'elle n'en sait pas assez. Ou c'est lui dénier sa légitimité d'être humain.

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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 09:22

Les Slutwalks, Marches des Salopes, ou des Traînées, s'organisent depuis quelques mois. Depuis qu'un policier de Toronto, pendant une séance de "prévention", a expliqué à des étudiantes qu'elles risqueraient moins d'être violées si elles arrêtaient de s'habiller de façon provocante (pour être exacte, il a dit "comme des salopes"). Les propos ont vite fait le tour de la toile, et provoqué un mouvement quasi planétaire. Le 25 septembre, une marche est organisée à Bruxelles, et la question de la participation à l'événement est lancé dans les milieux féministes.

 

Ce qui fait débat, ce n'est pas la question de manifester pour que la honte change de camp. Là-dessus, je crois que nous sommes d'accord: on ne SE FAIT pas violer, on subit un viol. Et on ne l'a pas cherché. En principe, quand une femme dit non, c'est non, quelle que soit la façon dont elle est habillée. Et même si les vêtements démontrent une envie plus ou moins subtile de séduire (la limite entre sexy et vulgaire est affaire de curseur culturel), cela ne veut pas dire qu'on est prête à accepter n'importe quel camarade de jeu. Non, ce qui fait débat n'est pas le fond, mais la forme, la stratégie et les alliances.

 

D'abord, ce qui pose problème, c'est l'apropriation du mot "Salopes". Ce qu'on appelle un retournement du stigmate. Tu penses que je suis une salope? Ok, et encore, t'as pas tout vu! Certes, certes, la réaction a quelque chose d'enfantin, genre "nananèèèèreuuuuh!". Qui plus est, le fait de manifester en mini-mini-riquiqui et la poitrine fièrement mise en valeur et en avant risque surtout de bien plaire à tous les beaufs à 10 km à la ronde. Je n'en disconviens pas, mais alors pas du tout... A choisir entre être une sainte ou une putain, je me dis qu'il y en a une des deux qui doit vachement se faire plus chier dans la vie. Mais s'il faut choisir, je cocherais volontiers la case: "autre".

 

Ensuite, la "stratégie". Peut-on parler de stratégie? Plutôt de réaction épidermique, en fait. Réaction qui donnera lieu à une opération one shot, fortement médiatisée. Et qui laissera dans l'ombre le travail de fond opéré depuis des lustres par les associations de terrain, lesquelles n'ont que très rarement (et c'est un euphémisme) accès aux spotlights. Le travail de fond, que voulez-vous, c'est moins vendeur, le poids des mots n'ayant plus la même portée que le choc des photos. Et les photos des associations de terrain, on préfère ne pas les voir, ça risque de donner mauvaise conscience. A moins que ce soudain coup de projecteur ne leur soit favorable...

 

Enfin, les alliances. La vague "Sluts" est une aubaine pour les féministes auto-proclamées pro-sexe (vu que les autres sont, comme chacun/e le sait, des mégères poilues, et si pas frigides, du moins mal-baisées, et que ça enquiquine gravement que les autres prennent leur pied). Des féministes favorables à la liberté de se prostituer, puisqu'il s'agit de disposer librement de son corps (ouais, enfin, librement, ça se discute), favorables à la pornographie, etc. Pas facile de faire cause commune avec elles, quand on est abolitionniste ou prohibitionniste, d'autant que leur attitude par rapport aux autres féministes est au mieux agressive. Je voudrais vous y voir, vous, aller manifester avec des personnes qui vous traitent de puritaine à longueur d'année, et dont certaines positions vous semblent difficilement soutenables... Cependant, et là je prends des pincettes d'horloger, la cause, les causes, c'est à dire les violences sexuelles et la pression perpétuelle mise sur le dos des femmes quant à leur, comment dire? "Devoir de respectabilité", valent peut-être la peine que de chaque coté (oui, oui, les pro-sexe, vous aussi!) on mette de l'eau dans son vin.

 

Bref, bref, j'en étais à peser le pour et le contre, retourner la question dans tous les sens sur le mode "oui, non, ah merde, je sais plus", quand le procureur Cyrus Vance a pris une décision qui m'a permis de me faire mon idée. Je participerai à la Marche des Salopes. Pas en minijupe, je n'en porte jamais. Parce que les effets de l'affaire DSK, ses dommages collatéraux sur les victimes de violences sexuelles, vont être désastreux.

 

Comprenons-nous bien. Je ne prends parti pour personne dans cette affaire, je ne me prononce pas sur le fond. Je n'étais pas dans la fameuse chambre du Sofitel, je ne sais pas, et ne saurai sans doute jamais ce qui est vraiment arrivé. Mais la fréquentation des cyber-cafés-du-commerce, comme souvent, m'a donné à réfléchir. C'est fou le nombre des personnes qui étaient dans le chambre, ou qui ont l'air de bien connaître Madame Diallo, vu le costard qu'elles lui taillent. C'est fou aussi le nombre de grrrrrands spécialistes des violences sexuelles qui se révèlent dans ce genre de circonstances. De véritables encyclopédistes du stéréotype sexiste, du stéréotype de classe, etc. A les lire, on a le sentiment qu'on ne viole que les jolies et les court-vêtues, et que si cela leur arrive, elles l'ont bien cherché. Qu'on peut toujours se défendre, qu'on a toujours le choix, et surtout, surtout, qui si on veut porter plainte, on a intérêt à être une oiselle tout juste sortie du couvent de Sainte-Marie-les-Berwettes. Sinon, c'est même pas la peine d'aller pleurer. Vous vous ÊTES FAIT violer, c'est de votre faute. Fallait pas que, yavaitka. Saaaaalope!

 

Donc, j'irai. Pour répéter, répéter, répéter, que quand une femme dit non, c'est non. Que le viol est un acte de domination, une chosification d'une personne, n'importe laquelle, celle qui tombe sous la main de l'agresseur au moment où ça le prend. Son seul tort, à la victime, serait donc d'avoir été là. Et jusqu'à plus ample informé, les femmes aussi ont accès à l'espace publique! Pas question de se cacher, pas question de se cloîtrer, pas question de renoncer à une certaine coquetterie, si c'est mon envie, car tel est mon droit. J'irai parce que le jour où j'ai été victime d'une tentative d'agression, je portais un jean, des boots, un pull et un duffle-coat. J'irai parce que le jour (un autre que le précédent) où un type s'est mis à se masturber à côté de moi dans une gare, j'étais tétanisée, je ne savais pas quoi faire, j'avais peur, et j'avais honte. Et que maintenant, y'en a marre! La rue aussi est à nous, on peut se promener, faire la fête, simplement faire ses courses, rentrer chez soi du boulot, habillée comme on le souhaite. Quand on dit non, c'est non!

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13 juillet 2011 3 13 /07 /juillet /2011 14:15

Rhalalalalalala, tous ces comportements qui sont censés être naturellement issus du double chromosome X. Tous ces comportements que je ne suis pas censée avoir à cause de ce même double chromosome... Comme si le fait d'avoir des ovaires me prédestinait à agir, à penser, de telle ou telle façon. Comme si je n'étais pas un individu dont les gestes et opinions seraient plutôt le fruit d'une culture, d'une histoire, d'une éducation. Comme si je n'étais pas libre de décider, dans cette histoire, dans cette culture, dans cette éducation, ce que je garde, et ce que je jette. L'anatomie serait-elle un destin, comme l'écrivait Freud?

 

Je ne vais pas réinventer les théories du genre. D'abord, je ne suis pas une sommité en ce qui concerne la question. En plus, l'eau tiède existe déjà, je ne vais pas me taper un boulot qui a déjà été fait. Le sportif intelligent évite l'effort inutile. Mais, grands dieux (et grandes déesses, soyons pas chiches), que ça m'énerve quand je m'entend dire que si je me comporte comme si, ou comme ça, c'est parce que je suis une femme. Ou, au contraire, que c'est dingue de me comporter comme si ou comme ça, parce que je suis une femme. Merde!

 

En gros et en vrac: oui, j'aime les choses concrètes, non, je n'aime pas faire le ménage, oui, je pleure devant les films, non, je n'ai pas le gène de l'assortiment sac-chaussures, oui, j'ai un cerveau qui fonctionne, et même il arrive à produire des choses logiques, non, quand je suis persuadée d'avoir des opinions valables, je ne les soutiens pas uniquement parce que je veux avoir le dernier mot, frustrée que je suis de devoir m'asseoir pour faire pipi.

 

Et non, je ne pratique pas l'escrime, je ne bois pas de la bière, je ne lis pas des livres avec plein de mots de plus de 7 lettres dedans, je ne suis pas "voleur" dans les jeux de rôles parce que j'ai toujours rêvé d'être un garçon. Je n'ai jamais rêvé d'être un garçon, n'en déplaise à Sigmund, sauf quand j'avais très envie de pisser, et nulle part où aller pour m'exécuter comme il convient "à une personne de mon sexe".

 

Et le pire (encore que, ça peut toujours être pire), c'est qu'on me pardonnait ces comportements pas girly du tout quand j'étais ronde. Ben oui, pauvre fille, elle est frustrée, hein, faut pas faire attention, comme elle n'est pas belle, elle se fait remarquer autrement. Mais maintenant que j'ai rejoint les rang des "passables", que j'ai enfin atteint à cette normalité esthétique, fini d'être une emmerdeuse à qui on pardonne ses excès langagiers, son côté mule mosane. Ben oui, pourquoi vouloir encore à toutes forces exister en tant que cerveau, quand il vous est tout loisible de rejoindre les rangs des jolis minois qui n'ont besoin que de ça pour qu'on les remarque? Re-merde! J'ai un cerveau, je m'en sers, et tout ce que je pense et dis n'est pas uniquement guidé par mes hormones.

 

Tant pis pour Freud, l'anatomie n'est pas un destin. En tout cas, je refuse qu'elle soit le mien. Parce que je suis un être humain doté de raison, il m'est loisible de faire ce choix.

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