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16 septembre 2011 5 16 /09 /septembre /2011 09:24

Dans un an, on vote... Je ne parle pas de vous Cherzamis Français, mais de nous, les petits Belges que vous aimez bien. Au pays où le droit de vote est obligatoire. Nous irons, plus ou moins joyeusement, un dimanche matin à l'école communale déposer dans les urnes ,qui un bulletin papier, qui une carte magnétique , pour décider du sort de nos édiles locaux, avant d'aller manger la tarte chez mémé. Certains mécréants iront même crânement accomplir leur devoir à l'heure de la messe.

 

S'il y a bien un sujet sur lequel le citoyen ne transige pas aux élections communales, c'est l'état de la voirie, les routes, les trottoirs, les avaloirs... Plus précisément: sa rue, son trottoir, son avaloir. Parce qu'il paie des taxes, bordel de merde. Que s'il paie, c'est comme s'il était client, il en veut pour son argent. Qu'on rebouche son nid de poule, qu'on asphalte sa rue, qu'on nettoie son trottoir, parce que son chien ne trouve plus un centimètre pour poser sa crotte (oui madame, son chien à lui peut se lâcher, mais pas ceux des autres, parce que ce sont ceux des autres).

 

Je m'en vais encore faire ma justicière moralisatrice à deux balles (c'est moins cher que Wonder Woman, non?) qui enquiquine tout le monde avec son sacro-saint sens du collectif et des priorités. Ben oui, à mon âge, on ne me changera plus. Mais, nondidjû, je ne voudrais pas être échevine des travaux. On concentre sur soi tellement de frustrations et de mécontentement, autant faire imprimer directement sa photo sur des punching-balls.

 

Pour aider nos braves édiles à faire leur choix dans les milliers de chantiers possibles, un outil efficace, c'est le comité de quartier. L'interface idéale, en théorie, entre les élus et les citoyens. En théorie, je dis bien, parce que ma dernière expérience d'assemblée ouverte fut riche d'enseignements. Je savais déjà que ce genre de structure était susceptible de servir de voie royale au nimby (not in my back yard: pas dans mon jardin), mais là j'ai découvert un phénomène pas nouveau, mais qui mérite son petit nom, le oomsw (only on my sidewalk: seulement sur mon seuil). Parce qu'avant le quartier, il y a la rue, et avant la rue MON coin de trottoir. Le pré carré, le dernier bastion du citoyen-individu-consommateur, qui entend bien que chaque centime payé en taxes locales lui revienne en services destinés à sa petite personne. Il ne les a pas versés dans un pot commun. Il s'en fout que ça puisse servir dans des coins où ça semble plus urgent, et s'en contrefiche que les budgets soient limités, et soumis par la force des choses à arbitrages. D'ailleurs, c'est n'importe quoi, les arbitrages budgétaires. C'est juste copinâch et compagnie. Je vais faire une pétition que je serai tout seul à signer, mon berger allemand ne sait pas écrire, et vous allez me faire bouger tout ça, et vite encore.

 

Bref, mon idéalisme en a encore pris un coup. Parce que je ne sais pas comment on va faire pour amener ces personnes, pas méchantes dans le fond, mais un peu bouchées, sur le chemin de la convivialité et de la participation. Mes voisins de quartier veulent de la propreté et de la sécurité. Tout le monde veut ça. Mais est-ce bien par le biais de la surveillance et du replis qu'on y arrivera? Par la méfiance? Comment faire pour arriver à installer la confiance, le sens de la co-responsabilité, la conscience de l'interdépendance? Pour que l'expertise du quotidien vienne enrichir la réflexion collective, et que cette réflexion se transforme en force de proposition? Nous connaissons nos conditions de vie, nos modes de déplacement, les avantages et inconvénients de nos quartiers mieux que n'importe quel expert. Les diagnostics, nous pouvons les poser. Des idées pour améliorer la ville, nous en avons, et elles ne se résument pas à "un agent et un balayeur derrière chaque habitant", quand même? Alors, quand est-ce qu'on se pose et qu'on discute ensemble, et pas les uns contre les autres? On ne vit pas que sur son bout d'asphalte, il me semble.

 

 

PS: Pourquoi Hommage à Samuel Benchetrit? Parce qu'il est le génial auteur des Chroniques de l'asphalte, ed. Julliard (3 tomes).

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