Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 février 2017 1 20 /02 /février /2017 12:21

Alors comme ça, vous financez toutes les vilaines féministes, tout qui est un tantinet opposé aux totalitarisme, tout qui est une menace pour l'ordre moral et "NOs Valeuuuuurrrs", travail, famille, patrie, les enfants, l'Eglise et la cuisine?

J'avais déjà entendu parler de vous de loin en loin depuis une quinzaine d'année, mais force est de reconnaître qu'au début, vous me paraissiez tout sauf sympathique. Fonder le forum de Davos et spéculer sur les devises, quitte à plomber des économies entières, c'est au mieux moralement et éthiquement douteux. Voyez-vous, j'ai un peu de mal avec les personnes qui considèrent d'autres humains comme des variables d'ajustement, des chiffres dans des colonnes, des coûts à compresser. 

Mais je dois dire que depuis la crise des subprimes, vous me laissez un peu perplexe. Cette initiative de demander à payer plus d'impôts pour prendre sa part de la crise et de sa solution, respect! Même si cette mesure ne devrait pas être un one-shot, n'est-ce pas? C'est tout le temps que les gens qui ont la chance d'avoir acquis une si grande fortune ont le devoir moral de contribuer au bien commun, ne pensez-vous pas?

Vous dites? Que c'est pas comme ça chez vous, et qu'en fait ça fait longtemps que vous avez des fondations, des charities, qui elles-mêmes financent des associations sur le terrain, dans le monde entier?

Il paraît. Et croyez-moi c'est difficile de dépatouiller le vrai du faux dans tout ce qu'on raconte sur vos fameuses charities. Quand on ne prétend pas que vous financez des terroristes, voilà qu'on dit que ce sont les Femen. Ce grand démocrate de Viktor Orban a l'air d'avoir des crises de tachycardie dès qu'on prononce votre nom et Fox News (la chaîne de l'information sérieuse, approuvée par la Maison Blanche) sent poindre votre silhouette derrière tout mouvement citoyen qui ne serait pas conservateur. (Si tu veux un exemple, lecteur, il te suffit de cliquer ici, avec de vrais morceaux de Sénateurs républicains dedans).

C'est fou, mais être partout comme ça, derrière tout ce qui se bouge, tout ce qui conteste, ça me semble énorme pour un seul homme, même avec autant d'argent et des employés qui font ça pour lui. Dernièrement vous serviez d'épouvantail pour décrédibiliser la Women's March. Tout ce qui était prouvable, c'est que 50 des associations organisatrices (donc moins de la moitié) recevaient des dons de vos fondations. Soit, vous êtes mécène, vous faites des dons à qui vous voulez, tant mieux si c'est dans les associations à buts progressistes (c'est pas une gauchiasse cosmopolite comme moi qui vais trouver à y redire).

Mais voilà-t-y pas  que des zouaves qui aiment lire des médias sérieux comme Breitbart et autres déontologues de haut vol, et partager abondamment leur brillante littérature vous pointent du doigt, et hurlent que vous avez payé à chacune-chacun des participants la somme si pas rondelette du moins non-négligeable de 200$ (188€ au cours d'aujourd'hui). Si on compte que toutes et tous, y compris les stars, ont accepté la même somme (tout à fait, si c'est pour du fric et pas par idéal, Scarlett Johansson et Nathalie Portman prestent pour 200 boules, comme la serveuse du Dinner d'à côté, mais oui, mais bien entendu...), ça nous fait quand même 600 millions de dollars pour les seuls Etats-Unis, et ça monte à un milliard en incluant les manifestations de soutien à travers le monde. Pour quelqu'un dont la fortune est estimée à environ 25 milliards, certes ça peut paraître peu et en même temps c'est une dépense énorme d'un seul coup et sans certitude de résultat, non?

Alors bon, parlons peu, parlons bien, cher Monsieur-Soros-le-Vilain-à-tout-faire. J'ai mon gamin qui tourne lui aussi à la gauchiasse cosmopolite, et qui veut aller en Chine en échange culturel organisé par l'école. C'est sympathique mais pas donné et si nous vivons décemment nous ne roulons pas non plus sur l'or. D'autre part, je me suis remise à tenir ce blog de méchante féministe a priori progressiste, plutôt franchement opposée au totalitarisme dans un pays où ça comment à avoir de sales relents. Somme toute, un genre d'aiguillon, une piqûre de sale guêpe dans "NOs VAAAleUUrs" travail-famille-patrie-Eglise-gosses-cuisine-ta-geule-femme-suce.

Alors bon, quoiqu'il arrive, je continuerai à le faire. Mais franchement, si vous avez une petite somme à investir... Y'a moyen de moyenner. Je crois que je rentre dans les conditions.


Virginie Godet

Disclaimer: Attention, 25ème degré au moins inside. (Message destiné aux mal comprenants).

Partager cet article
Repost0
4 septembre 2016 7 04 /09 /septembre /2016 10:55

Ou "On peut montrer des photos de gosses morts en gros plan, ça, ça va, mais des dessins avec plusieurs niveaux de lecture, ça, c'est dégueulasse"...
Et ça, comme tout monstre cynique et cruel tel que je suis (oui, on est un monstre cynique et cruel quand on pratique l'humour noir... C'est pas de la mise à distance ni une forme de protection, paaaas du tout, repeat after me: je suis juste un épouvantable monstre cynique et cruel, et tous mes semblables avec)... Où en étais-je? Ah oui, donc, c'est quelque chose que j'ai beaucoup de mal à comprendre.
Mettons-nous d'accord sur un point: oui, le dessin de Charlie Hebdo concernant le séisme en Italie était très violent. Au fait, je me demande même pourquoi je commence par ce disclaimer. On parle de Charlie, pas du journal de Mickey.On parle d'un journal satirique resté très longtemps à lectorat limité. Lectorat dont j'ai fait partie (je me suis désabonnée quand Philippe Val a viré Siné). Le genre de truc où vous savez où vos mettez les pieds. Et c'est là que le bât blesse: c'est pas fait pour tout le monde.

Non, je ne suis pas en train de taxer ceux qui ne comprennent pas d'inintelligence. Et encore, pourquoi je me gênerais, je suis un monstre, ils l'ont dit sans ciller... Je dis juste que ce n'est pas pour eux. L'humour, c'est une gymnastique de l'esprit, certaines formes demandent de l'entraînement. Et tous n'iront pas vers le même style. Tenez, je pense avoir l'esprit Charlie, mais Marsault me fout la gerbe. Pourtant, pour un œil non habitué, ça relève du même exercice. Hé ben non, il y a une énoooorme différence au niveau du fond et de l'intention.

Un dessin de presse n'est pas un dessin comme les autres. Un dessin satirique encore moins. Il dit à la fois un fait d'actualité, mais aussi la lecture qu'en a son auteur et le journal qui le publie. Une carte du monde, une vision du monde et une façon de l'envisager et de le dire. N'achetez pas Charlie si vous voulez de la pure gaudriole et des petits bonshommes rigolos. C'est risquer de vous prendre des claques, parfois du douteux et souvent plusieurs couches dans la réflexion (comme dans les lasagnes). Et pas forcément les interprétations toutes cuites à disposition des petits oiseaux bec grand ouvert. Nope, y'a beaucoup d'implicites et de sous-entendus dans ces dessins. C'est que le dessinateur part du principe que son public possède la même grille de lecture que lui, les mêmes références.

Et dans ce cas précis, c'était très mal barré pour la team premier degré. Tout était dans l'implicite et le sous-entendu. Donc dans la provocation, non pas toute crue et toute bête. Non, dans la provocation du questionnement. Dans le dépiautage des mécanismes qui font que des gens se retrouvent à l'état de chairs écrasées sous des strates de gravats (comme dans les lasagnes). Comment ça se fait et à qui ça profite? Comment se fait-ce que dans une région à risque sismique avéré, on n'en tienne pas compte dans les constructions et les rénovations? Dans quelles conditions ce constructions se font-elles? Quid des matériaux? Quid des travailleurs? Pour quels locataires? Pour le profit de qui? Et qui est assez cruel et cynique (vraiment cruel et cynique) pour se contrefoutre totalement de ce qu'un jour ça s'effondre, ça tourne à la lasagne de chair humaine et de strates de gravats, puisque les mêmes seront aux manettes des chantiers de reconstruction.

Ce n'est donc pas le dessin qui est cruel et cynique. C'est la réalité qu'il dénonce. Le dessin tape dur et tape juste. Il fait mal, oui. Parce qu'il met le doigt juste où il faut. Mais il demande en effet quel le lecteur ait les mêmes pré-requis que le dessinateur. Et j'irai encore plus loin, l'humour étant quelque chose d'éminemment culturel, les mêmes codes. Non-sense, absurde, humour noir, provocation, mots d'esprit, ironie ou pipi-caca-bite-nichons, toute forme d'humour n'est pas commune à l'ensemble des individus. L'humour marque un gap culturel, générationnel, voire social. Une question d'époque, de lieu. Ceci explique sans doute que, suite au traumatisme, ce dessin soit très mal perçu en Italie. C'est normal. Mais est-ce pour autant une raison pour lapider les personnes qui partagent les codes de l'auteur, et en faire d'office des monstres?

On me demande régulièrement de faire preuve de compréhension envers les personnes qui ont besoin de voir des images choc (pas des symbolisation, pas des lectures, pas des interprétations, non, l'image toute crue) pour réaliser un drame. Pour que ça parle à leurs tripes, à leurs émotions. Je veux bien l'entendre.

Mais en quoi, du coup, apprécier les images, interprétations, symbolisations qui parlent à mon intellect est-il moins respectabls? Est-ce parce qu'elles sont moins directement compréhensibles? Est-ce parce qu'elles sont destinées à un nombre plus restreint de personnes? Du coup, elles sont forcément plus clivantes que le premier degré tout cru, puisqu'elles exigent des clés de compréhension communes? Le problème ne vient-il pas simplement du fait que sont jetés à la face du monde des contenus autrefois circonscrits à un lectorat qui faisait la démarche de l'achat et savait ce qu'il achetait. L'importante question de "qui est l'émetteur, d'où parle-t-il, à qui, quelle est son intention"?

Toutes questions qu'il est bon de se poser avant d'aborder un texte, un dessin, un film. Histoire de savoir si c'est pour soi, si on a les clefs de compréhension, les bons codes...

Virginie Godet... (Élitiste, en plus, cette pétasse)

Post scriptum: des âmes bien intentionnées ayant trouvé tout à fait normal de me souhaiter la mort de mes enfants sur les réseaux sociaux, je me permet de les renvoyer à l'article ci-dessous, qui dit tout mon amour à l'égard de ces anges purs, radieux et dispensateurs de justice:

http://modelenonconforme.over-blog.com/2015/06/les-purs-et-les-cornacs-des-olifants.html

Partager cet article
Repost0
16 août 2016 2 16 /08 /août /2016 15:48

Alors là, mes chéris, mes agneaux, si vous ne voulez aaaaa-bso-lu-ment pas que je lise un article que vous partagez, c'est l'intro qu'il vous faut mettre. Enfin, ça, ou insérer en commentaire un lien tout cru, tout nu, tout seul. Même si ça m'est déjà arrivé de le faire, j'essaie le plus souvent d'éviter. Nan mais, franchement, ça ne donne pas envie.

Je sais pas, moi, foulez-vous un peu. Introduisez un minimum le brol. Ne serait-ce qu'un simple "je pense que ceci peut apporter des informations intéressantes". Le genre de truc qui sonnerait nettement moins "ta gueule, ignare", non? Non?

Après tout, on peut ne pas être d'accord. On peut apporter du grain à moudre au moulin du débat. Voir même, on peut convaincre un contradicteur. MAIS, est-ce bien utile de le mépriser d'entrée? Est-ce bien productif comme façon de faire? Je ne le pense pas.

Or donc, comme je le disais plus haut, introduire un partage par "à méditer", on a difficilement idée à quel point ça me braque - et je ne pense pas être la seule. Idéalement, ce serait même super bien de donner son point de vue sur l'article, la vidéo qu'on partage, même pour marquer son plein accord. Dire un peu de quoi ça parle, exprimer ses doutes, ses désaccords, ce qui nous a fait réagir, ce en quoi on considère que cela peut être instructif. Voire même en rire ou ironiser (sur le fond du texte, pas à propos des contradicteurs, je vous vois venir, bande de moules!), c'est pas un soucis... Mais bon sang de bonsoir, les gens, donnez un peu envie d'ouvrir ce que vous partagez!

Qui sait, ça peut même contribuer à, si pas dépassionner, au moins apaiser les débats... Dans lesquels, ces derniers temps, j'ai de plus en plus de mal à intervenir. Pas que je n'ai ni idée, ni avis, ni argument... Juste pas trop envie de tâter de l'agressivité ambiante. La petite haine qui monte, qui monte, qui monte...

Virginie Godet (méditative, si je veux!)

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de modelenonconforme
  • : Mes points de vue et mes images du monde. Billets de bonne et mauvaise humeur. Avis sur la course du monde, d'une militante, écologiste, féministe, bobo-gauchiste. Réfractaires à l'ironie et au second degré, prière de s'abstenir.
  • Contact

Recherche

Liens