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16 janvier 2013 3 16 /01 /janvier /2013 15:15

Ainsi donc, le nouveau petit jeu à la mode chez nos ados, sur les réseaux sociaux, c'est le Slutshaming (ou "foutre la honte aux salopes"). La version 2.0 du taillage de costard, du pourrissage de réputation, un harcèlement moral à grande échelle.

 

Certes, certes, le concept n'est pas nouveau: prenez une fille qui s'habille un peu (ou beaucoup) sexy, qui assume sa vie sentimentale et/ou sexuelle, ou tout simplement une fille dont la tête ne vous revient pas, et pourrissez-lui la vie. Dans la nouvelle mouture du procédé, on créera un groupe Facebook destiné à lui casser du sucre sur le dos, on l'insultera sur Twitter, on réalisera sa petite vidéo soi-disant satirique pour la poster sur Youtube. Tout pour la casser. Et pour y gagner quoi?

 

En quoi ces jeunes filles (parce que la majeure partie des pratiquants de ce sport sont des filles) sortent-elles grandies de ces pratiques? Leur réputation est-elle sauve, parce que celle d'une autre est "perdue"? Se sentent-elles fortes d'avoir détruit quelqu'un?  Le contrôle social est assuré, une fois la salope mise à terre, les veaux (entendez les petits copains, qui ne peuvent pas contrôler leurs pulsions forcément irrésistibles, pôvres mâles qu'ils sont) seront bien gardés?

 

Mais, euh, dites, on n'est pas au 21ème siècle? Il n'y a pas eu un mouvement de libération des femmes? C'est quoi ce croisement entre des mentalités du 19ème siècle et les nouvelles technologies? D'ailleurs, celles qui tombent à bras raccourcis  et en meute sur une victime toute désignée (bah oui, pour dire du mal, c'est toujours mieux d'être plusieurs) sont-elles les blanches colombes irréprochables qu'elles prétendent être? Molière écrivait déjà: Le scandale du monde est ce qui fait l'offense, et ce n'est point pécher que pécher en silence (Tartuffe, acte IV, scène 7). Alors? On gonfle les torts imputés à la chèvre-émissaire pour faire oublier ses propres petites turpitudes?

 

L'adolescence est l'âge où l'on se cherche, on l'on fait des gaffes, des erreurs. Les filles se découvrent femmes, et tâtonnent entre différents modèles, ce n'est pas nouveau. Entre la princesse Mathilde et les soeurs Kardashian, toute une palette s'offre à elles, alors elles procèdent par essais et erreurs.  Parfois, on leur enverrait bien la fashion police (non, un rôti de dindonneau n'est pas sexy). Mais de là à dire que celles qui portent une tenue "provocante" -calquée sur la dernière trouvaille de Kim K- ne se respectent pas et n'ont donc pas à être respectées, il y a une sacrée marge. Et toi, Kévina, tu ne te cherches pas, sans doute?

 

Dans le modèle de société qui leur est proposé à travers les médias qu'ils fréquentent, ce qu'ils écoutent, lisent, regardent, que voit-on? Normalisation de la violence, culte du plus fort ou du plus grand stratège, élimination des plus faibles par tous les moyens, élimination des rivaux potentiels... Oh non, cela non plus n'est pas nouveaux. Mais un fonctionnement ancien doit-il pour autant perdurer? Sous nos cieux, on ne brûle plus les sorcières, l'esclavage est aboli et les femmes votent. Introduire la bienveillance ne serait pas du luxe. Un rien d'empathie, non? Parce que, Kévina de mon coeur, demain, pour une jupe un peu courte ou un roulage de pelle un peu hot, la salope, ça pourrait être toi. Tu sais, un peu comme dans Jersey Girls.

 

J'essaie de mettre à ce sujet mes pensées en ordre, mais force est de reconnaître que ma première réaction a été, elle aussi, violente, devant la perpétuation de ces façons de faire on ne peut plus archaïques. Vomir ou distribuer des claques. Mais je suis une vieille, une maman, et il parait que c'est mon rôle de jouer la voix de la sagesse. Parce que je n'ai pas envie que mes fils jouent à ce genre de jeu profondément malsain. Je veux qu'ils soient des mecs bien.

 

Alors je vais conclure, un peu abruptement, en tombant dans la guimauve. Une chanson de Bénabar, qui a si bien compris ce qui peut se passer dans la tête d'une de ces "sluts", ces filles un peu trop, un peu pas assez, celles dont les garçons ont honte, celles que les filles détestent:

 

 

 

(Je décline toute responsabilité pour les fautes d'orthographe dans les paroles).

 

 

Virginie Godet, vieille conne.

 

 

 

 

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commentaires

M
tu dis toujours ce que je pense, hein? :)<br /> <br /> moi aussi, je suis une vieille conne!!!!
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